Eveil des Sens (27-28)

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C’est un événement non-négligeable qui se profile… Les lecteurs de la première heure vont enfin avoir la fin de cette histoire trois ans plus tard ! En effet, j’avais publié la dernière planche de L’Éveil des Sens le 14 juillet 2011. J’avais alors arrêté le tout pour tenter de monter un dossier pour l’édition. Avorté pour des problèmes de pauvreté graphique (je n’ai bien évidemment rien envoyé), il a subi une nouvelle version en 2012 pour le fanzine P.A.M.P. (un chapitre sur les boums, que vous re-découvrirez ici dans quelques mois donc).

J’espère que cette version sera la bonne et ira au bout ! En tout cas, l’amélioration des planches et de la narration est manifeste, même s’il reste beaucoup à améliorer encore !

Tout ça pour dire que mes anciennes planches ne peuvent plus me servir. Je vais devoir faire du storyboard de nouveau… Snif…

Autobiographie & psychalanalyse

Lorsque que l’on nomme son blog Tout à l’Ego, c’est que l’autobiographie est au centre de nos préoccupations. Outre un narcissisme exacerbé, je voue une véritable passion pour les autobiographies et plus encore pour les autofictions, que ce soit en bande-dessinée ou en littérature. Mais quel est l’impact réel sur l’auteur lorsqu’il écrit sur lui-même ou pire, sur ses proches ?

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Ouille ! Ca pique les yeux !

Tout à l’Ego fut ma première autobiographie. Basée sur l’anecdote du quotidien (comme la plupart des blogs de l’époque), mais également sur l’analyse de certains aspects de la vie, le but est avant tout humoristique. Déjà je m’amuse de l’impact que peut avoir la publication d’une planche, me permettant d’établir une vérité. Ainsi, l’allusion à mon anatomie démesurée deviendra un running-gag. Il y sera fait mention à plusieurs reprises et ce dans plusieurs projets différents !

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Mais l’humour a ses limites. Lorsque j’ai tenté de faire de Tout à l’Ego quelque chose de plus riche, avec notamment un peu d’émotion, ce fut un flop complet. Perturbés par la tristesse de certains propos, les lecteurs enchaînèrent les remarques grivoises… J’arrêtais alors cette série qui n’était plus du tout adaptée à ce que je voulais faire. D’ailleurs, en montrant ma face plus sombre, je commençais à me soucier de l’impact que cela pouvait avoir sur mes proches qui lisaient mes planches.

Le Modèle Vivant est la première oeuvre que j’ai pu écrire par nécessité. La première raison est purement artistique. Suite à la lecture de plusieurs ouvrages sur la bande-dessinée indépendante et à la découverte de L’Ascension du Haut-Mal de David B., je me remets en question. Est-ce que faire des petites planches blog BD sont vraiment ce que je veux faire en bande-dessinée ? N’ai-je pas plus d’ambition ? Très limité dans mon dessin, j’hésite à me lancer dans un projet lourd et difficile cependant. Mais perturbé dans un trop-plein d’auto-analyse, je ressens également le besoin de coucher le tout sur papier. Ainsi, lors de nuits blanches (classiques lors des moments d’émergence de nouveaux projets), je finis par me lever et écrire ce qui me trotte dans la tête. Trois jours plus tard, la première page est dessinée.

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Le Modèle Vivant est une projection de mon existence à plusieurs mois. Ainsi, le rapport entre mon existence fantasmée et la réalité fut une expérience enthousiasmante. Les problèmes de dédoublement entre le personnage et l’auteur donnèrent lieu à des situations assez cocasses. Mais aborder des sujets sérieux n’est pas évident lorsque l’on parle de soi. Ainsi se savoir lu par sa famille et ses amis pousse à s’auto-censurer. Même si je n’ai pas eu l’impression de limiter mon propos, j’avais bien conscience à la publication de certaines pages que cela pouvait heurter certaines personnes. Je n’ose même pas penser à ce que ça aurait été si j’avais eu des enfants ! A l’époque, vivre seul m’a permis d’éviter d’impliquer qui que ce soit d’autre.

Un impact inévitable sur l’entourage.

Malgré tout, l’impact existe quoiqu’il arrive. Quand le modèle dont est inspirée le personnage d’Émelyne se retrouve avec le livre en main et se voit dessinée, ce n’est pas facile à assumer (ndlr : dans la version papier, un croquis de modèle vivant réellement réalisé à l’atelier est montré). De même, le personnage de Cédric fut revendiqué par trois personnes ! Enfin, la badminton, baptisé dans la BD “paradis des fesses bien fermes” a eu son petit effet sur mes amis du club…

autobio3Le Modèle Vivant a clairement servi de thérapie (le mot est trop fort bien évidemment). C’est avant tout une oeuvre d’analyse qui m’a permis de prendre beaucoup de recul. J’ai surtout pleinement apprécié de jouer avec la réalité. D’où l’écriture de Salle des Profs dans la foulée, qui malgré son aspect autobiographique (puisque tout est vrai) est évidemment romancé. Et signe que tout allait mieux : ce nouveau projet était basé sur l’humour et était… en couleur !

Ce plaisir de l’auto-fiction continuera avec What About Sex ? publié lors des 23 heures de la BD. L’histoire, créée de toute pièce, fait quand bien même intervenir le personnage du lapin, mettant évidemment une ambiguïté sur tout ce qui peut y être raconté.

Salle des Profs est également né d’une nécessité, bien que tout autre que pour Le Modèle Vivant. Cela faisait longtemps que je voulais parler de mon métier, mais je ne trouvais pas de point d’accroche en salle de classe. Je me suis aperçu que j’avais bien du mal à utiliser les anecdotes du quotidien de collège pour écrire (bien que je le fasse sans mal à l’oral). Il y manquait une analyse, un fil rouge pour que cela me motive. Clairement, je ne voulais pas tomber dans un Tout à l’Ego au collège. C’est finalement mon retour en établissement qui m’a donné envie d’écrire sur mes collègues plus que sur mes élèves. Je partais sur un principe de chapitres (hérité de L’Éveil des Sens) qui me permettait de construire une analyse et pas seulement des anecdotes.

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Au départ, je considère Salle des Profs avec un peu de dédain. Après toutes les exigences que j’avais mises dans Le Modèle Vivant, je trouve ce nouveau projet peu ambitieux. Je le démarre d’ailleurs sans trop savoir où je vais. Mais force est de constater qu’il correspond à mon plus grand succès sur la toile. A l’époque, je culmine à 500 visiteurs lors d’une publication, les commentaires sont nombreux, je dessine pour Vie de Merde et je vends plus de livres que précédemment, le prix étant pourtant plutôt élevé. J’aurais même droit à un coup de cœur chez The Book Edition ! De plus, de nombreux lecteurs insisteront beaucoup sur la qualité du projet et sur son potentiel éditorial. Le décalage entre mon ressenti et celui de mes lecteurs n’avait jamais été aussi grand !

Cependant, Salle des Profs est aussi le début des angoisses. Autobiographique, j’ai peur que le tout soit découvert par les profs et/ou les élèves. En cela, assumer au près des proches était finalement beaucoup plus simple… Malgré tout, j’ai fini par être convaincu par le potentiel du projet et travaille sur un version plus aboutie afin de la proposer à l’édition.

Assumer l’enfance, un défi plus facile à relever ?

Dernier cas d’autobiographie, L’Éveil des Sens est selon moi, depuis toujours, mon projet le plus fort. Démarré très tôt, il a pu mûrir et est un savant mélange d’émotion, de tendresse et d’humour. Construit sur une trame chronologique découpée en chapitres, il est facile à assumer dans le sens où tout ce qui arrive se passe pendant mon enfance. Ainsi, il est facile de se cacher derrière un “j’étais un enfant à l’époque”.

Imaginons que ce soit un adulte qui fasse cela... Difficile à assumer, non ? Pourtant Victor Hugo le faisait !
Imaginons que ce soit un adulte qui fasse cela… Difficile à assumer, non ? Pourtant Victor Hugo le faisait !

Déjà, alors que je prépare le tome 2 sur l’adolescence, je vois pointer tous les problèmes liés à l’arrivée de la sexualité (notamment l’onanisme, puisque l’on parle du collège). Cependant, la réussite d’une autobiographie réside parfois dans cette capacité à raconter la réalité (ou du moins celle retenue dans nos souvenirs) et de ne pas trop la travestir. N’est-il pas formidable d’entendre un lecteur me dire qu’une scène n’est pas possible alors que je l’ai vécue ?

Écrire une autobiographie, c’est s’analyser. Écrire une autofiction, c’est jouer avec la réalité. Deux façons de faire, deux plaisirs différents. Mais derrière toutes ces choses à assumer, reste la possibilité de la fiction. Et déjà, les problèmes surgissent aussi… Ainsi, un camarade d’atelier BD m’a dit : “tu peux m’aider à dessiner des coiffures de femmes, toi tu ne dessines que des nanas !” Comme quoi, il faut accepter d’être jugé pour nos œuvres, qu’elles soient autobiographiques ou non…

White Rabbit

La nouvelle version du blog est en ligne ! Petite revue des changements et des choix esthétiques !

Mon premier thème (nommé Belz) était chargé en couleurs et en images et j’avais souhaité revenir à quelque chose de plus sobre. Le second, Garehn, était plus classique, mais du coup sans beaucoup de personnalité.

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Il suffit de noter la bannière faite d’extraits de planches pour le voir, ou encore le fond avec l’encrier et la plume, pas vraiment terminé… Il possédait quand même quelques modifications de son thème parent (Twenty Ten, par WordPress). J’ai donc commencé Garehn 2.0 afin de le terminer réellement. Il me fallait enlever ce trait noir affreux en haut de la bannière par exemple… Mais à force de bidouiller, j’ai décidé de tout reprendre à zéro et de ne plonger pleinement dans la CSS afin de maîtriser vraiment ce que je faisais et, surtout, de bien finaliser l’ensemble.

Les objectifs du blog étaient les suivants :

  • un ensemble basé sur le blanc (fond, menu et bannière)
  • outre le noir (pour l’écriture), une seule couleur utilisée (ocre)
  • la bannière doit être sobre et mettre en avant le titre
  • les liens doivent respecter les codes couleurs
  • quelques illustrations doivent donner plus de personnalité au blog (bulle de commentaire, boutons de suivi…)
  • utiliser Twenty Eleven comme thème parent, car il est encore mis à jour (contrairement à Twenty Ten)

C’est sur cette base que j’ai travaillé. Comme le blog est codé correctement (et non bidouillé comme les autres fois), je pourrais le faire évoluer plus facilement. De mon point de vue, ce blog est plus propre et semble moins bricolé que l’ancien. Son nom, White Rabbit, fait référence à la base couleur faite de blanc. J’espère qu’il vous plait ! Quoiqu’il en soit, s’il y a des problèmes quelconques en termes de bugs et/ou de navigation, n’hésitez pas à m’en faire part.

Note : Ne pouvant pas tester le blog sur Smartphone ou tablette, j’espère qu’il n’est pas trop moche sur ces plateformes…

Le Pueblo

Découvert lors de la matinale en cavale de Short Edition, Le Pueblo m’a vite tapé dans l’œil et je n’ai pas tardé à suivre ses activités de près. A l’occasion du lancement d’une campagne Ulule, il me semblait opportun d’aller lui poser quelques questions sur sa vie et ses œuvres. 

AvecLeTempsFB Continuer la lecture de « Le Pueblo »

Eveil des Sens (23-24)

EveilDesSens23_SDEveilDesSens24_SDC’est la fin du chapitre sur les déménagements. Nous sommes également à peu près à mi-chemin de cette histoire.

Pour info, la page était dessinée ainsi auparavant. On peut ainsi visualiser les progrès de narration et graphiques. C’est un peu moins larmoyant aussi, non ? Le chapitre est celui qui a subi le plus gros changement de réécriture. Il a été enrichi et est passé de 4 à 9 pages.

Le chapitre suivant, concernant Flora, n’a jamais été terminé. Pour les anciens lecteurs, vous aurez donc bientôt de l’inédit pur et dur !

Luxure (1)

J’ai annoncé il y a peu mon souhait de reprendre le Huitième Péché Capital. Ce projet est le scénario de fiction le plus abouti que j’ai pu écrire, mais je n’avais pas les épaules pour le produire graphiquement. Mes progrès cette année grâce à l’atelier BD me poussent à tenter de nouveau l’aventure. Je vais donc m’atteler à la réécriture/correction du scénario cet été et commencer les recherches de personnages.

La particularité du projet est de mixer les types de personnages : animaux pour les péchés, humains pour les humains. Et à cela s’ajoute la Mort, les démons, Lucifer, etc. Présentés nus au départ, il me paraît aujourd’hui évident de devoir habiller les péchés afin de renforcer d’autant plus leur personnalité. Pour rappel, Luxure est la D.R.H. des Enfers… Voilà donc les recherches actuelles sur le personnage.

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Comme cela fait très longtemps que je n’ai pas travaillé sur le projet, je vous remets les planches ici (version 1 couleurs en 2011, puis version 2 noir & blanc en 2012 ou 2013 je ne sais plus).

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Eveil des Sens – Flora

Flora

Petite pause nécessaire pour L’Éveil des Sens : il me fallait faire les recherches pour les nouveaux personnages qui arrivent (pour rappel, le personnage change d’école). Surtout que Flora (ci-dessus) est l’un des personnages les plus récurrents de ce projet puisqu’elle est destinée à apparaître dans le tome 2. Voilà donc deux versions du personnages, enfant puis adolescente !

La Chasseuse d’Hommes (prologue)

J’en avais parlé plusieurs fois ici, j’ai dessiné les premières d’une (hypothétique) version longue de la Chasseuse d’Hommes. J’ai profité de mon atelier BD cette année pour dessiner les six premières pages de l’histoire. Le tout est en noir et blanc, dessiné au format A3 et à la plume (+quelques traits au pinceau).

Bonne lecture !

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Le statut du lecteur

article_analyseDepuis des semaines, les réseaux sociaux, blogs et sites web saturent d’articles et commentaires liés à la situation précaire des auteurs de bande-dessinée. Cela avait commencé notamment par le documentaire Sous les bulles, l’autre visage de la bande-dessinée (par Maiana Bidegain). Ce reportage, particulièrement déprimant, avait le mérite de pointer du doigt les difficultés du milieu, tout en interviewant toute la chaîne, de l’auteur au libraire. Depuis, les auteurs voient pointer une réforme des retraites les appauvrissant d’autant plus. Mais quel est le rôle du lecteur dans tout ça ?

Bibliotheque

D’abord, il me paraît nécessaire de présenter mon point de vue en tant qu’auteur amateur de bande-dessinée. Ayant dernièrement envoyé mon premier dossier pour un projet à un éditeur, j’ai une idée sur la question. Bien qu’ayant toujours développé des loisirs créatifs (écriture, création de jeux vidéo, musique, puis BD), je n’ai jamais réellement souhaité en faire un métier. La trop grande précarité de ces milieux a toujours douché mon enthousiasme. D’autres contraintes m’ont souvent gêné, que ce soit la vie loin de chez soi pour la musique ou la solitude du dessinateur de BD devant sa planche. Bref, j’ai toujours voulu avoir un emploi salarié qui me laissait l’esprit libre à la création, sans stress ni pression. Même si parfois le fait d’avoir un blog m’a poussé à baisser la qualité de mes créations (je l’admets pleinement), j’ai actuellement le plaisir de ne dessiner que lorsque j’en ai vraiment envie. En cela, Fabrice Erre est un exemple : il publie des bande-dessinées tout en étant enseignant. Un nouveau modèle pour moi ?

Cumuler deux activités, le quotidien des auteurs BD ?
Cumuler deux activités, le quotidien des auteurs BD ?

Ce qui m’intéresse ici c’est avant tout de parler du rôle du lecteur, puisque je suis avant tout un grand lecteur de bande-dessinée. Il y a trois ans, j’avais évoqué dans un article de ma newsletter la nécessité d’être militant dans ses achats, 3ême si un lecteur n’achète jamais autant de bande-dessinées qu’il le voudrait réellement (ou alors il est très riche !). Cette analyse mérite d’être un peu étayée. En effet, à l’époque je parlais beaucoup des auteurs de blogs BD. Ces derniers tentaient de percer par leur activité sur internet et certains se voyaient édités, souvent par de petits et jeunes éditeurs (dont certains ont mis la clé sous la porte depuis). A l’époque, j’achètais alors beaucoup de ces premiers livres pour soutenir à la fois les maisons et les auteurs. Hélas, à force, je suis devenu particulièrement méfiant à l’encontre de ces ouvrages. En effet, après des premières bonnes surprises, j’ai trouvé que le niveau d’ensemble baissait sacrément. Des auteurs excellents en blog produisait des livres bien moins percutants (la difficulté de tenir sur des dizaines de pages ?), le tout dans des ouvrages pas toujours de grande qualité. Et je passe sur les (très) nombreux recueils fourre-tout. J’étais alors face à des auteurs qui, pour publier, se servaient de ce qu’ils avaient déjà en main plutôt que de proposer un véritable projet construit autour d’une idée. Dommage. Du coup, je me suis détourné de certaines maisons d’édition et, par là-même, de certains auteurs.

Parallèlement, mon amour pour les séries s’est tellement étiolé que je n’en achète presque plus. C’est tout juste si j’accepte d’acheter le premier tome d’un triptyque. Trop de désillusions, de séries sans fin qui se diluent… Sans même parler de celles qui changent de dessinateur en route ! Je privilégie désormais le one-shot, quitte à ce qu’il fasse 100 pages. De même, j’ai arrêté de faire pleinement confiance aux auteurs. Avant, j’achetais des livres les yeux fermés s’ils étaient scénarisés/dessinés par certaines personnes. Devant les déceptions, j’ai fini par être beaucoup plus prudent. Ainsi, l’un des auteurs que j’admire le plus, Blutch, a l’immense mérite de faire des ouvrages très différents. Ainsi, lorsqu’il propose Pour une finir avec le cinéma, j’ai passé mon tour. Ce livre axé sur des scènes de films cultes pour cet auteur. N’y étant pas réceptif, j’ai préféré attendre plutôt que d’être déçu. J’ai pu ainsi acheter son dernier ouvrage Lune l’envers, dont j’ai pleinement apprécié la lecture.

Le besoin de posséder en question

Le fait que je lise beaucoup en bibliothèque m’a permis de prendre du recul sur la notion absolue de possession. Ainsi, je ne souhaite plus avoir une grande bibliothèque majestueuse, mais quelque chose de cohérent. Ainsi, plusieurs critères entrent désormais en jeu pour qu’une bande-dessinée mérite son entrée dans ma bibliothèque :

– être magnifique graphiquement (au point que cela me serve de référence pour mon propre dessin)

– avoir un vrai potentiel de relecture (ce qui sous-entend une vraie qualité de scénario).

Cette analyse est vraie également pour la littérature et la musique (puisque j’achète encore des albums). Je suis donc passé outre deux tabous : l’occasion et la revente. Ainsi, j’ai revendu pas mal d’ouvrages (notamment des séries) qui ne me plaisaient plus du tout. Et parallèlement, j’achète en occasion les séries (anciennes) qui me plaisent. Car découvrir une série et devoir acheter 8 à 10 tomes, c’est compliqué. Ainsi, découvrant Le vent dans les saules (et sa suite, Le vent dans les sables) de Michel Plessix, j’avais neuf tomes à acheter. A une bonne dizaine d’euros le livre, j’ai préféré me rabattre sur l’occasion. Problème : l’auteur ne touche rien. C’est la même chose pour les Donjon (Sfar & Trondheim + plein de guests) où le nombre de tomes est mirobolant et que je complète petit à petit, sur plusieurs années.

Le Vent dans les Saules par Michel Plessix
Le Vent dans les Saules par Michel Plessix

Lire en bibliothèque : éviter les désillusions ?

Parallèlement, mes lectures en bibliothèque ont fortement baissé mon volume d’achat. Cela m’a permis d’éviter certains BDs qui m’attiraient sur le papier mais qui se sont révélés décevantes. A l’inverse, ayant découvert Cité 14 (Gabus & Reutimann) en bibliothèque, j’ai acheté les deux saisons complètes, ainsi que le spin-off. Même si, en soit, j’aurais préféré la version livret qui a disparu, car pas assez rentable…

Cité 14 par Gabus & Reutimann
Cité 14 par Gabus & Reutimann

La bibliothèque a chez moi favorisé les ouvrages forts, parfois un peu plus abruptes à la lecture, au détriment des ouvrages grand public. En cela, c’est plutôt une bonne chose. D’ailleurs, lorsque j’ai pu voir les chiffres des meilleures ventes de bande-dessinées de l’année dernière, je me suis aperçu que je participais peu aux blockbusters (mis à part le dernier Blacksad par Diaz Canales & Guarnido).

Un autre exemple intéressant est Bone de Jeff Smith. J’ai pris cette bande-dessinée en bibliothèque car je savais qu’un jeu vidéo avait été fait sur cet univers. Voilà le point de départ ! J’ai dévoré l’ensemble et c’est, selon moi, l’une des meilleures séries que j’ai pu lire. J’ai donc logiquement voulu l’acheter. Actuellement, son édition n’existe qu’en couleur… Or j’avais découvert Bone en noir et blanc et avait été transcendé par le trait au pinceau magnifique de Jeff Smith. Ce comics a été fait avant tout en noir et blanc et l’ajout de la couleur n’est qu’une manœuvre commerciale destinée à toucher un plus grand public. J’ai donc entrepris d’acheter cette série d’occasion afin de pouvoir profiter du noir et blanc. Après deux ans de recherche, j’ai trouvé dix des onze tomes… Je touche au but !

La gestion du noir et blanc par Jeff Smith
La gestion du noir et blanc par Jeff Smith

Au final, les intérêts des lecteurs et des auteurs divergent forcément. Car à la précarité réelle des auteurs s’oppose le pouvoir d’achat des lecteurs. Ma propre capacité d’achat m’a obligé à trouver des moyens de continuer à lire beaucoup sans m’appauvrir. Cela m’a poussé vers l’occasion et les bibliothèques. L’effet principal a été mon ouverture d’esprit, puisque j’ai pu découvrir de formidables ouvrages et auteurs que je n’aurais pu découvrir en librairie. En librairie, les livres tournent très vite, pas en bibliothèque…

A lire :

Une année au lycée par Fabrice Erre – enseignant et auteur de BD.

Bone – Jeff Smith

Cité 14 – Gabus & Reutimann

Le storyboard

makingofCette année, j’ai participé à un atelier de bande-dessinée. Cela m’a forcé à adopter plus de rigueur dans la construction de mes pages. Après des mois de labeur, j’ai pu terminer cinq pages en noir et blanc (format A3) de La Chasseuse d’Hommes. Contrairement à la plupart de mes projets, j’ai ici travaillé avec beaucoup de dessins de recherche et des storyboards remaniés. Et j’ai saisi tout le bienfait que cela apportait. Retour sur la page 4, qui a été pas mal remaniée entre sa première et sa dernière version.

Dans le scénario originel, la page 4 était particulièrement fourni. Après des tentatives infructueuses au niveau du storyboard, j’ai décidé de scinder le tout en deux pages. Cela me permettait de dessiner des cases plus grandes (et donc graphiquement plus abouties) et d’ajouter un peu de narration pour lier le tout. En bref, on y gagnait de la fluidité. Après remaniement, j’obtenais le storyboard suivant :

La dernière case (effacée) représente la chasseuse dans son bain, vu de haut.
La dernière case (effacée) représente la chasseuse dans son bain, vu de haut.

Cette version n’était pas mauvaise en soi. J’aimais bien l’idée de cases verticales, mais les deux petites cases carrées (4 et 5) manquaient vraiment d’intérêt. Le dialogue paraissait limité et on ne voyait pas la fille repartir. Bref, quelque chose n’allait pas. Afin de réfléchir aux améliorations, je me lançais dans des recherches. Ici, les idées sont esquissées uniquement (cela se voit au niveau du dessin, franchement mauvais). Cela me permet de placer les personnages, les dialogues, les masses de noir, etc. Ainsi, on peut mieux visualiser les erreurs.

Comment adapter un storyboard à une image que l'on trouve percutante ?
Comment adapter un storyboard à une image que l’on trouve percutante ?

Je me lançais sur la première case. C’est une case de transition qui fait suite à une ellipse (changement de temps et de lieu) et elle doit marquer le lecteur immédiatement. Pour cela, je m’inspire d’une première recherche faite des mois auparavant lors de mes recherches de personnages où l’on voyait Diane dans son bain, dans une bassine, avec les pieds qui sortent. Rapidement j’obtenais une idée qui me paraissait parfaitement rendre ce que je souhaitais. On y voit Diane dans son bain, complètement détendue.  Cette fois, elle croise ses jambes, ce qui donne plus de volume et de perspective. Et contrairement à ce qui est prévu dans le storyboard (case 1), la vue est en plongée. On aperçoit donc le corps de la femme. Le bras qui sort, les jambes croisées, tout laisse penser à la détente. Je valide rapidement cette idée, mais je dois alors changer le storyboard. Cette case n’est pas horizontale, mais carrée. Je dois donc tout revoir dans la construction de la page.

Savoir s’adapter : modifier, ajouter, supprimer.

Je précise qu’à ce moment-là, je fais corriger mon étude par mon prof afin d’éviter les problèmes d’anatomie. Car si l’idée de la détente dans le bain est plutôt bien rendue, il y a de vrais soucis, notamment sur l’épaule, les jambes et, bien sûr, le pied. C’est là que l’atelier possède un véritable intérêt. Cela permet de corriger les détails et, surtout, de voir comment ils sont corrigés par le prof !

Dans le même esprit, je n’aime pas trop mon idée de dernière case. Un peu trop voyeuse dans l’esprit. Et j’ai peur que le dessin ne soit pas particulièrement beau. Ainsi, pour fluidifier le dialogue, je décide d’utiliser cette case comme une continuité. Le dialogue s’arrêtera d’ailleurs au début de la page suivante. Clairement, le storyboard permet d’améliorer grandement la narration, car on améliore par multiples retouches la construction de base.

Dans un projet différent, L’éveil des sens, je profite également de la première version pour à la fois m’inspirer de ce que j’avais fait et pour voir les lacunes de cette même version. Les pages datant de plusieurs années en arrière me servent de storyboard ! Ainsi, dans une page (non-publiée encore), j’ai changé le sens de la case afin que la camion et le regard de l’enfant soient tournés vers la droite, ce qui facilite la lecture (un grand classique de la bande-dessinée !).

Voilà donc la nouvelle version du storyboard, une fois remanié. Ce changement implique du coup un changement également pour la page suivante.

Nouvelle version plus fluide
Nouvelle version plus fluide

Ici, je garde quand même certaines composantes, comme la case verticale du fusil ou la case 2. Cette dernière n’est pas si réussie et marquera le plus gros souci de la planche. En effet, devenue verticale, elle est désormais trop grande. Il y a donc un grand vide dans la version finale. Malgré tout, la narration y gagne beaucoup avec les cases centrales. La case horizontale où la chasseuse tient en joue la fille est plus percutante ainsi, le fusil étant visible et central désormais. Quant aux deux cases dialoguées, mises côte-à-côte, elles fonctionnent bien mieux et semblent se répondre. Enfin, la dernière case, avec le regard dure de la chasseuse et la voix de la fille hors champ, elle accentue le caractère fort de l’héroïne. L’ancienne version, où l’on voyait la fille dépité, mettait plutôt l’accent sur une forme de timidité du personnage secondaire, ce qui n’était pas forcément le but recherché. Je vous laisse avec les photos des crayonnés et de la planche.

La publication de ces 5 pages est prévue à la fin du mois (lorsque mon atelier sera terminé). Avec un peu de chance, vous en aurez même 6 ! Et avec ma nouvelle façon de publier, tout sera publié d’un coup. Afin de profiter à plein de cet atelier, je le continue l’année prochaine. L’idée est de travailler cette fois-ci sur Le huitième péché capital. A confirmer d’ici-là !

La case a été entièrement redessiné. On remarquera les traits de perspectives et les marques pour le texte, signe d'un plus grand soin général dans la construction de la planche.
La case a été entièrement redessiné. On remarquera les traits de perspectives et les marques pour le texte, signe d’un plus grand soin général dans la construction de la planche.
Outre la main à dessiner, le plus dur ici était de savoir où mettre la bulle !
Outre la main à dessiner, le plus dur ici était de savoir où mettre la bulle !

 

Le crayonné. La dernière case a été faite à la table lumineuse car la version du storyboard était d'un niveau suffisant.
Le crayonné. La dernière case a été faite à la table lumineuse car la version du storyboard était d’un niveau suffisant.
La planche finale, enfin !
La planche finale, enfin !

 

Maux du collège

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Je vous présente aujourd’hui mon nouveau blog, absolument pas dessiné : Les Maux du Collège. Cela regroupe les citations d’élèves croustillantes que j’ai pu récupérer pendant mes premières années en collège. Je compte faire vivre ce blog grâce à chaque nouvelle génération d’élèves, mais aussi grâce à la participation d’autres enseignants. Si vous êtes professeur en collège, n’hésitez pas à m’envoyer vos perles ! Jusqu’à la fin de l’année scolaire, il y aura une nouvelle citation par jour (50 citations actuellement).Voilà quelques exemples :

exemples


Concernant les résultats du sondage, je vous remercie d’avoir été si nombreux à y participer. Je remercie également ceux qui ont mis en commentaire leurs impressions plus précisément. Après réflexion, je me range du côté de Vertron. Ainsi, la newsletter est dissoute et va désormais être intégré article par article sur le blog. Le but est de permettre une meilleure lecture (nombreux sont les lecteurs qui m’ont déjà dit ne pas avoir le temps de la lire ou de la lire à moitié), mais également plus de pérennité sur le web. Ainsi, une interview serait trouvable sur les moteurs de recherche.

Je suis aussi satisfait de l’équilibre de votre intérêt pour les articles. Je fais donc sauter les critiques BD, qui sont publiées je le rappelle sur mon blog collaboratif Blog Brother.

Concernant les planches, je suis également l’avis de Vertron. Pour L’Éveil des Sens, je publierai donc les pages par deux désormais. C’est une révolution pour moi. Ainsi, la page 21 est terminée, mais j’attendrai de terminer la 22 avant de vous la proposer.

J’espère que ces menus changements n’auront pas d’impact négatif sur votre fidélité. Merci en tout cas à vous de me suivre avec autant d’assiduité !