J’ai (enfin) continué ma nouvelle série Mon Essentiel. Cette nouvelle illustration a été commencée juste après la première, mais j’ai bloqué sur plusieurs points, notamment la couleur. Petite explication de la réalisation de cette peinture.
Le sujet
Je voulais dessiner une femme en train de regarder une peinture. Au départ, j’imaginais une vue de côté, avec le regard du modèle fasciné par la peinture. Cela était complètement impossible à trouver. Sur internet, on voit facilement des personnages en train de regarder des peintures (et vus de dos).
Je change mon fusil d’épaule en voyant les peintures de Pauline Roche qui multiplie les représentations de gens au musée. Ses représentations me font prendre conscience que ce genre de vue pourraient me permettre aussi de montrer des tableaux que j’aime.
Je change donc mon fusil d’épaule. Ce ne sera plus une illustration centrée sur un visage, façon portrait, mais une vue plus large avec le personnage vu de dos.
La composition
La plupart des photos que je trouve ne me satisfont pas. Les vues sont finalement assez plates. Finalement, je décide de construire ma référence tout seul en reprenant une photo qui n’a rien à voir et que j’avais déjà utilisée pour une autre peinture :
Elle est de dos. La vue en plongée est parfaite et dynamisera l’illustration. La colonne est adaptée à un musée. Il ne reste plus qu’à construire l’image.
La composition de l’image a beaucoup changé. En effet, un musée étant assez vide, les moyens d’ajouter des touches de couleur et de variété n’était pas évident. De plus, cette colonne centrale risquait de casser toute la composition. Il fallait à la fois la mettre en valeur sans que l’on ne voit plus qu’elle…
Pour équilibrer le tout, j’utilise la chaise, le texte sur le mur et le banc en bas à droite. Enfin, la question du tableau a été centrale. Je choisis une toile de Peter Balke, un de mes peintres préférés. Là aussi, la taille du tableau a été déterminante. Au départ, on ne voyait que le coin gauche-bas du tableau, mais c’était envahissant.
En termes de construction, l’illustration est construite selon le principe de la règle des tiers :
Je n’ai pas tracé la grille au départ, bien sûr, mais c’est ainsi que c’est conçu. J’ai passé beaucoup de temps à chercher à faire un carrelage plus original, mais j’ai fini par laisser tomber. Ça explique aussi le délai de réalisation…
Rester à ce que les couleurs ne cassent pas toute cette dynamique…
Les couleurs
J’étais très stressé au niveau des couleurs. J’hésitais entre une ambiance en couleurs froides et une ambiance aux couleurs chaudes. La colonne en plein milieu devait aussi être bien gérée pour ne pas trop ressortir. J’ai donc fait des études de couleurs :
Je choisis alors les couleurs chaudes qui mettront en exergue le tableau qui, lui, est dans les tons bleus. Je décide aussi de mettre le mur plus sombre que la colonne. Sur l’essai où la colonne est orange, on sent qu’elle risque de ressortir bien trop sur l’illustration.
Je commence à poser les aplats principaux pour faire ressortir les grandes lignes :
La composition fonctionne, reste à travailler les détails et à finir l’ensemble. Sur le résultat final, on voit bien que les bleus, minoritaires, sont mis en valeur. Cela correspond à la femme (ses vêtements) et le tableau). Cela dirige le regard. D’abord sur la femme (centrale), puis vers le tableau. L’illustration permet de retranscrire la scène. Une femme regarde un tableau.
Pour bien comprendre la différence, on peut comparer mes deux illustrations qui utilisent la même référence pour le personnage :
Dans l’illustration de droite, le personnage est aussi central, mais il n’y a rien pour guider le regard. D’ailleurs, même si le dessin est plus petit, la fille est dessinée légèrement plus grande ! Il manque également d’unité en termes de couleurs. Il est trop proche, dans ses couleurs, de la photo originale.
Pour terminer, une photo de la peinture de Peder Balke en question :