Faisons un tour dans le 13ème

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Après plusieurs pages de test, voilà le véritable démarrage de Jotunheimen : la page 1 ! C’est parti pour cette histoire qui, j’espère, vous plaira. Il n’y a plus qu’à mettre en couleur maintenant…

Concernant le titre, Jotunheimen, je me pose encore beaucoup de questions. En effet, mes amis qui m’en parlent sont bien incapables de le prononcer et c’est donc au niveau communication une erreur. Mais d’ici la fin de la BD, j’ai le temps de réfléchir.

Tracer des droites

makingofLe problème d’apprendre la perspective, c’est que l’on se sent obligé d’utiliser ses règles (au sens propre comme figuré !). Du coup, ça prend beaucoup de temps, mais le résultat est souvent au rendez-vous. Explications sur une case anodine qui a demandé du boulot.

D’abord, il est important de présenter la case en question. Elle doit montrer Alexis regarder quelque chose en rayon dans un magasin de sport. On le voit de trois quart et on ne distingue pas ce qu’il voit. La case est de taille moyenne. Voilà son crayonné final :

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Visiblement rien d’extraordinaire ici, mais la perspective y est essentielle. J’ai d’abord tenté d’y échapper (subtilement) en traçant le rayon de l’arrière plan. Ça faisait juste et je me suis arrêté là au premier abord. J’ai choisi (comme souvent) un point de fuite infini pour les verticales histoire qu’elles soient… verticales !

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J’ai pu ensuite déterminer l’horizon et un premier point de fuite en rejoignant les deux lignes. Cela me permettait alors de dessiner le rayon des T-shirts proprement. J’ai souvent du mal à trouver mon horizon, notamment dans les plongées et les contre-plongées. Mais une fois que c’est fait, on sait alors que tout va être simple.

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Après avoir dessiné une première la tente (au milieu bas de la case), je m’aperçois qu’elle est très bancale. Je comprend alors que je dois chercher mon deuxième point de fuite (quelque part à gauche) pour la positionner correctement au sol. C’est là que la différence avec le simple storyboard se faire. Sur un storyboard, on pose le décor au feeling. Ici, il faut être précis.

J’utilise à cet effet la technique de sioux de mon professeur ès bande-dessinée : dessiner le personnage en entier pour trouver le sol. Comme c’est un bas de page, cela m’oblige à coller une feuille supplémentaire pour en faire le prolongement. J’ajoute aussi le bas du rayon (en premier plan), ce qui me donne une droite. Quand elle croise l’horizon, j’ai mon deuxième point de fuite. Cela me permettra de tracer les affichettes correctement et d’ajouter des néons, donnant un peu de texture au plafond.

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Au final, la case est “propre”, elle ne contient pas d’erreur de perspective. Malgré les impressions, les tracés des perspectives ont été plutôt rapides. J’ai avant tout perdu du temps à essayer de dessiner certains éléments sans passer par là. Pour rappel, voilà le storyboard qui ne faisait que poser l’attitude du personnage. J’ai ajouté de nombreux détails, comme le sac à dos en premier plan, ainsi que l’affiche avec un logo de randonnée qui donne des premières indications sur les motivations du personnage.

Et voilà le principe technique de tout cela : coller des feuille un peu partout autour de la planche pour pouvoir dessiner en hors case et trouver les points de fuite !

perspective2eS’il y a bien quelque chose que les cours de bande-dessinée m’ont appris, c’est que la perspective est essentielle, même pour un dessin non-réaliste. En effet, l’œil est exercé et remarque automatiquement les problèmes. C’est la même chose pour les proportions des personnages ou les défauts sur la position des mains. Et pour s’en affranchir, il faut maîtriser un minimum les principes de base et, surtout, ne pas hésiter à dessiner en dehors de la case !

Pour ceux qui veulent progresser en perspective, je vous invite à visiter le site eMangaka qui propose des cours simples pour maîtriser le sujet. Je m’en suis servi pour dessiner les arches d’un pont en perspective. 

Petite bouffe entre lapins

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Voilà donc la nouvelle page 7. Une page qui m’a demandé beaucoup d’efforts et qui a beaucoup changé au fur et à mesure, que ce soit au niveau des dialogues comme du découpage. J’avais trop de choses à raconter et j’ai du faire des choix et couper certains dialogues. J’espère que les idées principales passent quand même implicitement. J’ai toujours pensé que le lecteur était capable de lire entre les lignes.

Du point de vue purement technique, j’ai encré les tuiles et la gouttière au pinceau. Le reste est à la plume.

Comme la séquence est terminée, je vous la mets en entière (surtout que j’ai ajouté un dialogue en page 6 !). Maintenant que j’ai terminé ces pages de tests (si si), je vais pouvoir commencer la création de la bande-dessinée dans l’ordre… On va donc reprendre à la page 1 la prochaine fois ! La page est déjà commencée.

Je n’oublie pas que j’ai aussi la couleur à faire, mais j’en ai des boutons rien que d’y penser.

Chercher la case

makingofSur Jotunheimen, j’essaie de ne pas me précipiter et de peaufiner au mieux les planches. Ainsi, la prochaine planche a été stoppée car les dialogues ne fonctionnaient pas correctement. Je continue donc à storyboarder l’histoire.

J’ai commencé à storyboarder l’histoire sur un format A5 avant de m’apercevoir que ce format était trop petit. En effet, je dessine sur un papier d’une surface quatre fois supérieur ! Voilà ce que donnait le storyboard original très succins. Attention, il y a du spoiler, même si ce n’est que la page 2 du livre.

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Cela donne des informations sur l’articulation des dialogues, mais il manque plein de choses. Ainsi, les bulles sont placées sans le texte, ce qui empêche d’anticiper leur taille. Or, le placement des phylactères est essentiel dans une bande-dessinée pour assurer la fluidité de la narration. De même, les décors sont complètement absents, tout comme les poses des personnages. On remarque qu’on retrouve ici le personnage de la vendeuse sous la forme de chatte et que le dessin des personnages est encore “à l’ancienne”, avec des museaux comme sur mes précédents projets.

J’ai donc repris cette basse sur un format A4, afin d’essayer de mieux poser les expressions et les poses. J’ai décidé aussi d’écrire complètement les dialogues afin de mieux visualiser les espaces. Afin d’éviter de trop spoiler, c’est mal écrit !

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Comme d’habitude, j’ai modifié des choses en reprenant le storyboard. J’ai inversé la vue de la première case. Il me paraissait plus pertinent de voir le personnage de la vendeuse de face (on la voit pour la première fois). La case 5 est également modifiée afin d’arrêter le face à face permanent entre les personnages. En effet, même les cases 3 et 4 fonctionnent comme une case unique où les personnages se font face. Comme la vendeuse parle seule dans cette case, c’était l’occasion de la présenter seule, avec une vue de côté. La partie à droite présentera le rayon avec les fameux duvets.

Malgré tout, la case 1 continue à ne pas me satisfaire. Voilà comme était écrite la case dans le scénario :

Alexis regarde la vendeuse, plutôt mignonne et sportive. Vue de manière à profiter de son popotin. Le héros semble ému et timide.

J’ai depuis cessé d’écrire le scénario ainsi, préférant réserver ce genre de considérations pour le dessin du storyboard. J’envisage ainsi que la case un ne montre pas Alexis ou du moins en avant-plan et en aplats de noir afin de bien mettre l’accent sur la vendeuse. Comme souvent après le storyboard, je fais des recherches de croquis pour mieux définir les poses et/ou les décors et perspectives.

Voilà la recherche pour la pose de découverte de la vendeuse.

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Tout ce travail en amont peut paraître laborieux, mais c’est ce qui permet de n’avoir plus que du plaisir lors du dessin de la planche : tout est préparé, il n’y a plus qu’à réaliser. J’ai négligé cet aspect lors de ma dernière planche et je perds actuellement du temps dessus à cause de ça. J’ai bâclé mon storyboard, changé d’avis en route et les poses de mes personnages ne fonctionnaient pas… Bref, rien ne sert de courir, il faut partir à point. Mais allez dire ça à un lapin !

Fumons une clope sur le balcon

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Petite expérimentation ici : certains avant-plans sont tracés au pinceau histoire d’essayer de donner un peu de volume aux cases (le trait est plus épais pour simplifier).

Ça vous paraît pertinent que je publie les pages une par une ? Comme il y a plus à lire/voir que pour L’Éveil des Sens, ça me paraissait bien. Dites moi si vous préférez attendre plus longtemps que je publie 2 ou 3 planches en même temps.

Corrections de planches

makingofAprès avoir dessiné les pages 4 et 5 de Jotunheimen, je me suis aperçu que j’avais oublié un élément de détail : les rideaux à la fenêtre. Ces derniers étaient aussi pensés pour ajouter un peu de volume, de profondeur et de rondeur au décors. Alors, armé de patience, je décidais de redessiner certaines cases.

Tout commence bien évidemment par un diagnostic : combien de cases doivent être redessinées ? Seules deux sont concernées et elles ne sont pas complexes au point de me décourager. Je décide d’en ajouter une autre. En effet, la case 2 de la page 5 me paraissait trop vide, c’était l’occasion de la remplir un peu.

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On refait la déco : en rouge, les rideaux à ajouter.

Pour effectuer la modification, j’utilise une table lumineuse. Cela me permet d’aller vite, tout en gardant ce que j’aime dans les cases. À la table lumineuse, je repasse au crayon. Je me réserve la possibilité de modifier certains éléments. C’est le cas notamment du personnage de la case de droite (dernière case, page 5). J’aime l’expression d’Alexis, mais la forme du crâne ne convient pas (il suffit de comparer à la case de gauche). Ainsi, je l’ai modifié et corrigé pour qu’il corresponde mieux. Au moment de l’encrage, j’en profite aussi pour modifier deux/trois erreurs au niveau de l’encrage (je vous laisse chercher !).

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La feuille avec les 3 cases corrigées.

C’est évidemment la case sans décor qui se retrouve le plus changée. Outre le décor, j’ai modifié légèrement le visage/crâne du personnage. J’en suis toujours au début et je me cherche, donc c’est assez logique. L’angle de vue étant différent des autres, cela me permet de montrer un peu l’extérieur. Car plusieurs cases étaient déjà avares en décors : les cases 1 (juste la table), 2 (redessinée depuis), 4 (décor ajouté à l’encrage) et 5. Flemmardise, quand tu nous tiens… Voilà donc le comparatif entre les deux cases, avec et sans décor :

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Cette démarche d’amélioration, que je n’aurais jamais effectuée auparavant, me vient principalement de mon atelier BD. Cela me pousse à arrêter d’accepter des compromis sur certaines cases moyennes et à repousser sans cesse les limites de mon travail. Le problème est évidemment le temps que cela prend. Mais je pense être prêt désormais à passer plus de temps sur mes planches pour avoir un rendu qui me convient vraiment.

Voilà donc le résultat avec les deux nouvelles pages :

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L’apport graphique sera bien entendu encore plus important avec la couleur !

L’ajout des rideaux peut paraître anecdotique, mais il permet de dynamiser un peu un décor d’intérieur souvent froid et trop rectiligne. L’autre façon de faire est de varier les plans, avec des vues moins “plates” aux perspectives originales. Mais pour voir cela, il faudra attendre la prochaine planche !

Un repas de famille

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Après le premier test de planche typée “paysage”, j’accouche enfin d’une planche de test en intérieur, basée sur des dialogues entre personnages. Après un premier crayonné (terminé il y a presque un mois), j’ai fini par faire encore évoluer le style. J’ai donc repris tous les personnages de la planche : visages, oreilles et museaux surtout !

Cette planche est la quatrième page de Jotunheimen. Pas de gros spoiler donc ! Je pense terminer la scène histoire de voir si j’arrive à tenir la distance dans un même lieu avec une mise en scène pertinente et compréhensible.

Une jolie vendeuse

vendeuse_01Lors de la première scène de Jotunheimen apparaît une vendeuse. Même si son rôle reste mineur, je la voulais plutôt mignonne, voire sexy. Or, mon choix originel de la dessiner en écureuil commençait à prendre l’eau. En effet, j’avais du mal à la dessiner jolie. Ce dernier croquis que je vous montre m’a dessiné de changer de voie.

Je vois surtout poindre mon plus gros souci : les poses des personnages. Si je suis tout à fait capable de faire quelque chose de crédible d’après photo, j’ai bien du mal si j’invente. Le croquis ci-contre en est un parfait exemple et cumule ma principale tare : je dessine la tête du personnage puis le corps sans même penser à comment il se tiendra. Il en résulte des poses ridicules et terriblement statiques.

De même, le personnage manque de vie. Sa féminité est à peine marquée. Voulant tendre vers du semi-réalisme, je dois accentuer (enfin) les courbes de mes personnages, qu’ils soient féminins ou masculins.

Autre souci : je ne dessine quasiment que des mammifères. Bien décidé à changer, je tente le coup avec une perruche (ou approchant) et une coiffure que je n’avais encore jamais faite avec une belle frange. Le résultat me plait, je valide mon test.

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Là où je suis content c’est que je trouve le personnage mignon, plus que sexy. Je n’ai pas envie de tomber dans le travers où j’essaye de rendre toutes les nanas hyper canons pour titiller le libido du lecteur (ou de la lectrice).

Sexualiser le corps, c’est pas si simple.

Je tente alors des dessins avec des poses plus naturelles, qui font ressortir les formes du personnages (poitrine, taille, hanche) sans excès (c’est-à-dire éviter de faire des très gros seins pour accentuer le fait que c’est une femme).

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Pendant ce temps, le scénario s’écrit ! 😉