Aujourd’hui, je vous présente une des astuces qui m’a été soufflée par mon prof pour faire la case 5 de la planche 11. Cette case a été maintes fois repensée avant d’arriver à sa version finale.
Dans la planche, plusieurs étapes se succèdent assez rapidement, mais logiquement : le personnage arrive à l’aéroport, récupère ses bagages, sort de l’aéroport, prend le bus puis arrive à son hôtel. Voilà le scénario (sommaire) écrit pour cette planche :
Et le storyboard correspondant, d’une taille ridicule (agrandi ici pour l’occasion !)
Avec cette base (conçue il y a plusieurs mois lors de l’écriture du scénario), je retravaille un storyboard plus abouti sur un format A4. J’écris cette fois les textes, afin de pouvoir les placer et de voir s’ils ne sont pas trop longs.
A ce moment là, il y a une case de plus dans la narration qui permet de mettre une pause en plein centre. La case qui nous intéresse (où le personnage demande “Trondheim train station ?” à l’entrée d’un bus) est à peine plus détaillée que sur le précédent storyboard. Le problème ici est que j’ai storyboardé un peu à l’arrache sur une feuille A4, certes, mais dans un format presque carré. Du coup, une fois tracé sur la planche, les cases du milieu ne sont pas carrées mais verticales. Et pour les trois cases, ça ne va pas. Je recompose donc le tout avec les deux première au format paysage et la case 5 au format carré. Tout cela convient bien mieux, il est temps de réaliser le tout.
La vue pensée pour la case 5 est assez complexe dans le sens où l’on voit le personnage en train de monter (ou de se pencher) à l’intérieur du bus. Après quelques recherches du genre “intérieur bus” ou “porte bus”, je finis par trouver une image référence qui correspond à ce que je cherche :
Je pose donc mes trois points de fuite et réalise le décor. En soit, pas de difficulté particulière. Une fois les points de fuite posé, il suffit d’y aller tranquillement. C’est l’avantage de la perspective, on ne peut pas vraiment se tromper.
L’idée est de poser le décor pour ensuite ajouter le personnage à l’intérieur. C’est beaucoup plus simple que d’adapter un décor à un personnage, surtout qu’ici la position n’est pas forcément évidente. Mon prof me propose alors de dessiner le personnage sur un calque, afin de ne pas avoir à gommer mon décor lors de la réalisation. En bon élève, je m’exécute :
On peut remarquer les petites marques sur les côtés qui délimitent la case. Elles permettent de bien recaler le calque quand on l’a enlevé. Le calque est scotché à la planche pendant la réalisation.
Superposés, voilà ce que ça donne :
A ce moment-là, je m’aperçois que ça ne va pas. Le personnage est trop bas. Soit le bus est très haut sur roue, soit le pied est sous le bus… Bref, ça ne va pas. Comme on est sur calque, on ne s’embête pas, on relève simplement le calque.
Il ne reste plus qu’à recopier le personnage à la table lumineuse. Pour cela, je l’encre rapidement au feutre pour mieux voir les traits. C’est fait très rapidement, les ajustements de posture et de tracés se font directement sur la planche.
Ensuite, on encre :
Pourquoi s’infliger une perspective à trois points alors qu’on a eu doc sous les yeux ? Pour un crisse de dessin d’imagination j’entendrais, mais là ?
Parce que c’est plus simple, tout simplement.
Je trouve plus simple de calquer le décor que le remonter en perspective lorsqu’il correspond bien au sujet. Les documents trouvés ne correspondant pas souvent pile-poil à la vue souhaitée alors là, oui, je reconstruis. Dans l’idéal je prends mon appareil photo (basique l’appareil) et je file dehors à la recherche de ce que je veux et quand j’ai trouvé, je mitraille sous tous les angles.
Parfois, l’image ne correspond pas parfaitement au niveau de la taille. Et décalquer ne m’intéresse pas. En recréant l’image, j’apprend aussi à construire.
On se rend compte qu’on peut pas se passer de la table lumineuse au fil du temps ^^ Ça permet d’économiser beaucoup de calque et de temps 🙂
Case très chouette en tout cas, ça donne envie de faire de la bd 🙂
Si ça te donne envie de faire de la BD, n’hésite pas ! 😉
je reprend cet été en principe 🙂
Il serait temps !
J’aime quand tu expliques ta façon de faire, j’apprends toujours un tas de trucs (ce qui ne m’empêche pas de continuer de mon côté de continuer de faire des dessins à l’arrache, mais ça, c’est parce que je suis fainéant!) 😉
Ha mais il va falloir se sortir les crayons du cul mon cher Phil ! 😛
Heu, ce n’est pas là que je les range, sinon ensuite ils sentent bizarre… 😉
Mais ce ferait de beaux sepia !
J’ose des précisions pour les couleurs d’ambiance. Boite de nuit, rouge-violet : betteraves en entrée ; paysage champêtre, verts divers : épinards en plat de résistance.
Quand Phil parle de dessin à l’arrache c’est qu’il travaille directement au stylo bille, sans retouche possible. Et c’est superbe.
Le dessin à l’arrache a son charme, c’est certain !