Record

Je vous présente mon dernier texte d’atelier d’écriture.
Thème : Records & exploits
Durée : 50 minutes


Il régnait cette année en salle des professeurs une morne ambiance. La fenêtre ne fermait plus, la photocopieuse se révélait capricieuse et les ordinateurs mettaient plus de dix minutes à s’allumer. Quand la cafetière avait lâché, j’avais su qu’il me fallait agir. Je ne pouvais laisser mes collègues sombres dans ce marasme. Nous n’avions plus envie de rien. Plus de motivation, plus aucun entrain. Ces professeurs, usés par les réformes successives et vint ans d’échecs pédagogiques étaient prêts à jeter l’éponge, à se vautrer dans le je-m’en-foutisme. Je me suis alors rappelé mes années de stage en usine, là où s’affichait en grand le nombre de jours passés sans accident. Le compteur montait et montait et j’avais vécu le choc de sa remise en zéro. Nous nous étions tous projetés vers l’avenir : combien de temps nous faudrait-il pour retrouver le score précédent ?

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Le jeu

Le Sauna #3

Aujourd’hui, je vous présente un nouveau texte d’atelier sur le thème du jeu.

J’en profite pour vous rappeler que je viens de publier deux ouvrages que vous pouvez commander auprès de moi si vous souhaitez avoir une dédicace. Afin de pouvoir en offrir certains à Noël, je vais procéder à leur commande dans les jours qui viennent, alors ne tardez pas trop !


Il m’a fallu des maux de dos récurrents et une remarque du médecin pour que je me retrouve à l salle de sport. J’ai une image négative de ces endroits saturés de bodybuilders davantage occupés à s’admirer dans le miroir ou à embrasser leurs biceps plutôt qu’à suer sur les machines. Mais dans la salle du quartier, au fon fond du dix-neuvième, je retrouve surtout des retraités ou des trentenaires venus s’occuper sur la pause du midi. Au moins, je ne me sens pas en insécurité avec mes mollets de coq et mes bras sous-développés.

Je commence ma séance sur un vélo d’appartement histoire de faire du surplace, une sensation que je connais bien. Je pédale face à une grande baie vitrées surplombant la patinoire. Là, les enfants et les adolescents s’agglutinent sur la glace, les uns s’agrippant au rebord, les autres filant à la vitesse du vent. À force de venir chaque semaine, je les reconnais. Ces après-midis passés à la patinoire sont pour eux une occasion de draguer. Si les filles cherchent les figures et les arabesques, les garçons taquinent la vitesse. Ils sprintent, puis, arrivés prêt de leur cible, freinent d’un coup et les aspergent de glace pilée. C’est un style de drague façon Cro Magnon, brut mais efficace à voir les visages ravis des jeunes filles. Je peux lire dans leurs pensées : « Il pense à moi. J’existe. » Sans doute leur enverront-elles des nudes ce soir. Cela me rappelle mes dix-sept ans quand nous nous étions rendus à la patinoire. Je n’avais pas voulu aller sur la glace ; j’ai l’équilibre précaire. Amélie m’avait tourné autour, je l’avais laissée venir à moi. Trop sans doute. C’est Olivier qui avait raflé la mise. Olivier qui l’avait cherchée sur la glace pendant que je lisais un roman sur le bord. C’était l’histoire de ma vie. L’avenir appartient aux audacieux, quel que soit leur QI.

Je me remémore tout cela en regardant les ados batifoler en bas. On dirait des pigeons qui se font la cour. Je les entends presque roucouler. Je me sens jaloux de ces petits merdeux, moi, célibataire à trente ans, le désespoir de Maman. Mais où trouver l’âme sœur dans ce Paris rempli de millions d’âmes anonymes ?

Soudain, une femme entre dans la salle. Une femme… Nous n’en avons pas vue depuis des semaines. J’observe son reflet dans la vitre, une belle blonde élancée qui semble aussi perdue qu’un nouveau-né. Elle disparaît au vestiaire. Malgré moi, je me retourne pour jauger mes adversaires. Ils sont trois, dont un grabataire. Je suis le plus jeune, de loin, mais je connais le goût des femmes pour les hommes mûrs. Le quadra au fond de la salle, qui regardait son téléphone depuis un quart d’heure, se remet subitement à pousser de la fonte.

Quand la jeune femme revient, nous sommes tous attelés à suer. Inconsciemment, je me suis mis à pédaler plus vite. J’atteins les cent-soixante-dix pulsations par minutes ; il y en a bien dix pour elle.

Elle empoigne un vélo à côté de moi, le regarde circonspecte, puis se tourne vers moi et me demande comme il fonctionne. Elle a un adorable accent étranger. Lequel ? Je ne saurais le dire. De toute façon, qu’il soit russe, tchèque, espagnol ou anglais, je le trouverais sexy. Même norvégien s’il le fallait.

— Il faut juste que vous pédaliez. Ça va se lancer.

Elle me remercie pendant que je me maudis. J’aurais dû descendre du vélo, lui montrer les programmes. Balancer le « c’est la première fois que tu viens ici ? », le brise-glace lanceur de conversation ultime. Mais non. Quel con ! Pour m’autoflageller, je monte d’un cran la difficulté du dérailleur. Mes cuisses protestent. J’espère que ma voisine de vélo me parle, mais j’oublie que j’ai sur les oreilles un casque débitant un podcast. Je n’ai rien écouté, rien retenu. France Culture battu en brèche par la belle culturiste. Alors je continue à pédaler, mais surtout dans la semoule.

Une fois épuisé, je descends de vélo pour aller travailler les muscles du dos. Comme toujours, je dois descendre le poids des machines. Les autres poussent quarante kilos, moi dix. Pendant que la fonte fait crier mes muscles, j’observe ceux de la belle bouger en rythme. Elle a mis ses écouteurs, se protégeant des inopportuns. Je n’ai pas l’intention de la gêner. J’ai lu Simone de Beauvoir, moi. Je suis aussi déconstruit que célibataire.

Épuisé par tous ces efforts vains, j’abandonne cette partie que je suis seul à jouer. Je descends au vestiaire. À quel moment ai-je pu espérer lui plaire ? Séduire une femme avec mon physique ? Il y en a bien qui aiment les crevettes, mais dans une salle de fitness, elles préfèrent l’étalon, la viande rouge premier choix. Je me change pour me rendre au sauna. Après avoir tant trimé, je l’ai bien mérité. Dans le couloir, je la croise. Je suis en slip de bain. Immédiatement, je rentre le ventre.

— Il y a un sauna ici ? demande-t-elle.

Les efforts lui ont donné des couleurs. Elle me paraît plus charmante encore.

— Heu, oui… Mais il est mixte, réponds-je.

Le meilleur moyen pour l’éloigner. Elle me regarde de haut en bas, puis ajoute :

— Il faut être en maillot de bain ?

— Heu… Oui…

Elle paraît déçue, voire dépitée. Peut-être est-elle vraiment norvégienne.

Je ne retrouve ainsi dans le sauna, rongé par l’attente. Elle se présente quelques minutes plus tard en maillot de bain deux pièces. Elle s’installe dans un coin, ferme les yeux, s’abandonnant à la chaleur. Je me redresse, tente de rentrer le ventre mais manque de m’étouffer à ne plus respirer. Je n’ose pas la regarder. Non pas que j’ai l’érection facile, mais parce que je ne veux pas la mettre mal à l’aise. J’ai lu trop de trucs féministes. À force, je n’ose plus parler, ni regarder les femmes. Je veux être un mec bien, mais les femmes veulent des bad boys. Comme le connard avec ses patins à glace de tout à l’heure. Il emmerde les filles, le chahute, les bouscule, les insulte… Ça l’amuse et ça les amuse. C’est le jeu de l’amour, il a ses règles tacites, ses vainqueurs, ses losers. J’ai toujours été le mec gentil qui se retrouve dans la friend zone dans passer par la case départ. Moi aussi je veux empocher la mise. Mais comment engager la conversation sans passer pour un gros lourd ? Comment lancer innocemment une discussion. Je me tourne vers elle, elle me regarde, ses yeux brillants au milieu de la peau écarlate. J’ai trop chaud. Je brûle. Il faut que je sorte. Je titube jusqu’à la douche et m’asperge d’eau glacée. Je gémis, tant du corps que de l’esprit. Soudain, une voix me demande :

— Tout va bien ?

Elle est derrière moi, l’air soucieux. Je ne sais que lui dire, alors je m’invente une excuse :

— J’ai eu une dure journée…

Elle fronce les sourcils et ajoute :

— Vous voulez qu’on en parle autour d’un café ?

Je n’aurais pas sué pour rien. J’ai obtenu un rencard en slip de bain.

Le Cimetière des Éléphants (publication)

J’ai le plaisir de vous annoncer la publication en autoédition du Cimetière des Éléphants. Bon, c’est une demie bonne nouvelle puisque ça veut dire que le roman n’a pas trouvé d’éditeur… J’espère que ça ne vous refroidira pas.

Les caractéristiques du livre sont les suivantes :

  • Format : 18×12 cm
  • 365 pages
  • 10€ sur le site TheBookEdition (hors frais de port)
  • 10€ en commande directe avec moi (+5€ de frais de port), le bon moyen d’avoir un exemplaire dédicacé

Et le résumé :

Suite à son divorce et à des confinements qui l’ont ébranlé, Michel prend une année sabbatique pour écrire son premier roman. Il espère ainsi pouvoir quitter l’Éducation Nationale et devenir écrivain. Invité par son ancien collègue Serge à Pattaya, en Thaïlande, il découvre la prostitution de masse. Il doit alors cohabiter avec son ami qui, lui, profite à plein de ce que la ville lui propose.

Le livre en vrai !

Une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, je publie également Les Territoires interdits, recueil des nouvelles écrites pour des concours littéraires et de textes réalisés lors de mon atelier d’écriture.

  • Format : 18×12 cm
  • 146 pages
  • 7€ sur le site TheBookEdition (hors frais de port)
  • 7€ en commande directe avec moi (+5€ de frais de port), le bon moyen d’avoir un exemplaire dédicacé

Je propose forcément également un pack pour les deux :

  • 17€ en commande directe avec moi (+5€ de frais de port)

Si certains souhaitent rattraper leur retard sur mes anciens bouquins, il me reste de tout :

Si ça vous intéresse d’ajouter ces ouvrages, contactez moi directement pour que je vous fasse un devis.

Au Zénith

Mon Essentielle : Le concert

Texte d’atelier consacré à l’apparition d’un personnage.

La tension s’installe au Zénith. On s’impatiente. Je sautille sur place, scande des « who oh oh ! » avec la foule, tape des pieds et des mains. Je m’égosille comme si ça allait change quelque chose. Qu’est-ce qu’ils foutent, bordel ? Les roadies ont quitté la scène. J’imagine le groupe en train de nous observer. Ils attendent ; ça les amuse. Ils soignent leur apparition. Ils veulent de l’impact. Pas une excitation, un orgasme direct dans nos faces.

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Et si…

Nouveau texte d’atelier. Le thème ? Et si les lois de la physique était différentes ?

Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme, mais je t’ai perdue toi. C’est toute ma vie qui en a été transformée. Depuis, je vis dans un trou noir, un endroit où tout s’effondre, d’où rien ne sort. Pas même la lumière, pas un photon ne s’en extirpe. Il n’y a que cette masse de souffrance, incommensurable. Ils disent que rien n’est infini, mais ma douleur n’a pas de limite, elle repousse les frontières, dépasse les confins. Elle explose en une supernova. Tu étais ma comète, tu as traversé mon espace avant de repartir vers le néant. Tu croyais que tu étais mon satellite, mais tu étais mon étoile autour de laquelle je tournais en orbite. Sans toi, je dévie, je m’égare sur une trajectoire rectiligne uniforme. Vitesse constante. Accélération nulle. De notre attraction universelle, il ne reste plus que ma gravité. Et ce vide, immense. L’absence. De toute. De matière. De chaleur. Le zéro absolu. Je perfore les limites théoriques, brises les asymptotes. Je deviens matière noire, intangible mais pourtant là, tout en pesanteur.

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Brocante intime

Confinée #10 : La guitare

J’ai toujours eu des tonnes de médiators. Et comme tous les autres guitaristes, je les perds, je les sème partout dans l’appart. J’en ai même retrouvé sous mon lit ou dans la salle de bain… Je ne compte plus ceux que j’ai dû jeter tellement je les avais mordillés.  Il paraît que le nom correct, celui certifié « Académie française », c’est « plectre ». Cinq consonnes et deux voyelles, un vrai mot de merde. Un mot de droite. On dirait une divinité grecque.

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Costume

Avec la dernière note, la lumière se rallume. Les spots éclairent le public et ses visages tournés vers nous. Ils sont en robe de soirée et en costume cravate. Curieuse assemblée pour un concert de rock. Nous débranchons les instruments, rangeons les amplis, mettons les guitares dans les étuis. Il est l’heure pour nous aussi de profiter du gala. Je récupère ma robe et tente de travers la salle bondée. Les gens m’accostent, m’arrêtent, commentent et congratulent. Ils veulnet bien faire, mais je veux juste qu’ils me foutent la paix. Je veux me changer. Avec mon baggy et mon t-shirt des Ramones, j’ai l’air d’une clodo à côté d’eux. D’habitude, j’en ai rien à battre, mais là… l’écart est trop grand.

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Les Territoires Interdits

Les Territoires Interdits, acrylique, 35×25 cm

Vous pouvez remarquer que cette peinture est assez différente de celles que j’ai pu réalisées. Il y a bien eu quelques peintures de montagnes, mais rien de monochrome ainsi. La raison est toute simple : cette peinture servira de couverture pour mon prochain recueil de texte intitulé Les Territoires Interdits. Tout était prêt, il ne me manquait plus qu’une illustration pour la couverture, la voici !

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Bibliothèque

Tu l’appelais ta bibliothèque. Un simple cube blanc, cinq planches de contreplaqué laminé, mais tu tenais à ce mot. Tu avais eu tant de mal à arriver à le prononcer correctement. Bi-bli-o-thè-que. Tu y avais rangé tes livres, tous ceux que nous t’avions lus depuis ta naissance. Les carrés en cartons qu’il fallait toucher. Les plus épais en caoutchouc qui faisaient de la musique et des bruits. Ceux qui ont été mâchouillés et cornés, tes préférés. Avec les années, les livres avaient grandi avec toi. Plus de pages, plus de textes, plus de centimètre carré. Ils troquaient les couleurs vives pour des couleurs pastel. Alors, tu avais tes préférences. Tes obsessions. Nous passions six mois à te répéter la même histoire, soir après soir, mot pour mot. Si nous changions une seule phrase, tu nous faisais les gros yeux et il fallait tout recommencer à zéro. Je voyais tes lèvres remuer pendant les histoires ; tu les connaissais par cœur. Tu aurais pu les réciter, mais il fallait que ce soit nous. C’était le rituel. Au fur et à mesure, nous introduisions des bruitages et autres interventions. En un rien de temps, cela devenait des traditions, immuables. Pour chaque histoire, ton père et moi avions chacun notre façon de la raconter, sans avoir droit à un pas de côté.

D’une main, tu suçais ton pouce. De l’autre, tu tenais Pinpin. Ton doudou allait toujours se cacher quand apparaissait le loup. Plus personne ne lui raconte d’histoire aujourd’hui. Peut-être va-t-il farfouiller dans ta bibliothèque parfois ?

Un jour, nous t’avions emmenée à un salon du livre pour que tu rencontres l’autrice de ton livre préféré. Il y avait trop de monde, trop de bruit. Tout était trop grand. Effrayée, tu t’étais agrippée à ma jambe pendant tout le temps de la file d’attente, ton doudou contre ta poitrine comme ultime protection. Quand enfin nous avions été devant la dessinatrice, j’avais su que tu ne comprenais pas qui elle était. Tu étais trop jeune. La femme t’avait dessiné avec Pinpin, une illustration magnifique à l’aquarelle, si simple, mais si vraie, plus parlante qu’une photographie. Je sais que ce dessin est tapi là, derrière la couverture du livre, dans ta bibliothèque. Je ne pourrais jamais m’en séparer, mais pourrais-je seulement un jour trouver la force de lire sa dédicace sans m’effondrer ?

« Pour Noa et Pinpin. »

Mais de vous deux, seul Pinpin est encore là pour la voir.

Alexis a essayé de me parler de l’avenir de tes livres. Il a proposé de les vendre, de les donner, de les mettre dans la bibliothèque du salon, de les descendre à la cave… Et pourquoi pas les brûler tant qu’on y est ? Ce meuble est une partie de toi, de ta personnalité. Si souvent tu enlevais tous les ouvrages, les étalant partout dans ta chambre pour les classer. Tu tenais cela de ton père. Tu changeais constamment l’ordre : par taille, par couleur, par thématique – d’un côté les humains, de l’autres les animaux. Chaque nouveau classement était un instantané de toi. Comment y toucher désormais ? Ce serait détruire un autre pan de toi. Alexis dit que je bâtis un mausolée. Il ne comprend rien. Tant que ta chambre ne bouge pas, que tout reste à sa place, je peux imaginer que, peut-être, tu n’es pas vraiment partie. Que, peut-être, un jour, tu reviendras dans ma vie.


J’ai repris mon atelier d’écriture. Vous aurez de nouveau droit à mes textes sur le blog. J’ai prévu un article pour expliquer le pourquoi du comment. En attendant, je vous en souhaite bonne lecture !

Pour rappel, les textes d’atelier sont écrits en une durée de 45 à 60 minutes et je ne les modifie pas avant de les publier ici. Ils sont ensuite corrigés et modifiés, voire enrichis lors des publications en livre plus tard.

Bilan 2020 – Écriture

Dernier bilan de l’année, celui de l’écriture. Ce fut une année riche, bien que pleine d’accrocs… Mais avec la publication d’un bouquin, difficile de ne pas se réjouir !

Le Sauna

Le Sauna aura été une belle aventure. Écrit sur les années 2019 et 2020, c’est un projet complet réalisé un an. Je développe mes idées pour la novella éponyme à l’été 2019, commence à la rédiger et un an plus tard le bouquin était terminé. Avec la réalisation de la couverture et d’illustrations, c’est aussi un projet qui m’a permis de faire valoir mes qualités de dessinateur.

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Un nouveau départ ?

Bonjour à tous. La semaine dernière, j’ai lancé les commandes de mon livre Le Sauna. J’imaginais qu’en publiant régulièrement des textes sur ce blog, j’aurais titillé la curiosité de mes lecteurs. Or, je n’ai enregistré aucune vente au-delà de mon cercle de connaissances. En soit, c’est un bel échec.

Je vous cache pas que ça m’a mis un bon petit coup derrière les oreilles. Je comprends bien que mes lecteurs viennent lire ici avant tout de la bande-dessinée, mais pour moi, mes créations font partie d’un tout : dessins, peintures, BD et textes. Elles abordent les mêmes thèmes. C’est pourquoi je publiais tout ici. Comme Le Sauna prend le même chemin que mon précédent bouquins Chemins détournés, je vais laisser de côté mes textes pour ce blog et chercher à me créer un nouvel avatar 100% littéraire : Alexis Garehn (le nom du personnage de Jotunheimen).

Avant de me lancer dans une fastidieuse campagne de promotion de mes écrits sur les réseaux sociaux, j’ai démarré un simple compte Facebook où je publierai extraits de textes, haïkus et ce genre de choses. Ce n’est pas une simple page de fan, vous pouvez m’ajouter comme ami. Je tente une nouvelle façon de faire.

Mais je vous laisserai pas avec ce discours un peu aigri ! Voilà ma dernière aquarelle en date :

Aquarelle & crayon

Le Sauna – Commandes

Bonjour ! J’ai le plaisir de vous annoncer la publication de mon recueil de nouvelles Le Sauna. Ce dernier contient différentes nouvelles et textes dont :

  • Le Sauna, une novella illustrée sur une randonnée en Suède
  • L’Essence du mâle, une série de 5 textes sur… les hommes et les 5 sens
  • Méthodes brevetées, une série de 3 textes sur une épreuve du brevet décrite par trois points de vue différents
  • La Grève, une série de 3 textes sur la dernière grève des transports.
  • À l’atelier, une série de textes que vous avez pu découvrir ici. J’ai sélectionné et retravaillé ceux qui me paraissaient les plus réussis et intéressants.

Le livre a une taille de 18×12 cm (inspiré des éditions Gallmeister) pour 160 pages de lecture. Voilà des photos de l’intérieur :

Des illustrations, reproductions de tableaux de peintres suédois, agrémentent la lecture de la novella Le Sauna.

Le Sauna est le plus long texte que j’ai réalisé à ce jour. Il s’est construit petit à petit et il a dépassé peu à peu mes espérances. Il pèse à lui seul pour la moitié du livre. En voilà le synopsis :

Pierre, artiste peintre, est fasciné par la peinture scandinave. Alors qu’il vient de rencontrer Laureline, il lui propose de l’accompagner pour une randonnée en Suède, au-delà du cercle polaire. Au milieu des montagnes et des belles Suédoises, ses sens se réveillent et s’embrasent. Face à une civilisation qui s’efface, Pierre retournera-t-il à l’état sauvage ?

Drôle et sensuel, Le Sauna nous plonge au milieu des éléments, grandioses et hostiles. Un retour à une nature brute et dangereuse.

Pour les commandes, il vous suffit de m’envoyer un mail grâce au formulaire de contact en indiquant quel pack vous intéresse. Je vous donnerai alors la marche à suivre. Les paiements peuvent se faire par espèces, chèques ou virement bancaire.

Les packs incluant un autre livre que Le Sauna dépendront des stocks disponibles (une vingtaine pour Jotunheimen, 6 pour Chemins détournés). Les frais de port sont comptés pour la France métropolitaine. Si vous habitez ailleurs, n’hésitez pas à m’envoyer un mail pour que je vous donne un devis. Si vous souhaitez acheter un de mes livres sans acheter Le Sauna, c’est possible aussi. Contactez-moi par mail pour cela.

Merci à tous ceux qui commanderont mes livres et… les liront !

Collection

Malgré le couvre-feu, mon atelier d’écriture continue. Au programme de la dernière séance, il nous fallait décrire une collection et/ou un collectionneur. Comme à chaque fois, 50 minutes d’écriture pour produire le texte, à peine corrigé dans sa version présentée sur ce blog :


Collection

Il a sur mon bureau un véritable trésor. Il m’a fallu dix ans pour le rassembler. Dans deux pots à confiture trônent fièrement des dizaines de trophées. Des stylos, des feutres, des crayons… Toute une collection d’objets perdus, laissés à l’abandon par des élèves distraits. La plupart ne pourraient même plus tracer un trait. Leur encre est sèche, leur mine bouchée, leur corps brisé. Ils sont devenus muets. Ils sont là, derniers témoins d’un contrôle raté, d’un exercice bâclé ou d’une leçon mal copiée. Ils ont été lancés, démontés et mâchouillés, passé s de mains en mains, volés, récupérés ou échangés. Ce sont des vétérans. Des survivants. Des cohortes de blessés sauvés sur le champ de bataille, mutilés, traumatisés. Certains datent même de l’ancien programme. Ce stylo plume bleu marine, au plastique fentillé, est une pièce de collection. Les stylos plumes, on n’en voit plus. Et ceux qui en ont un ne risqueraient pas de les abandonner. Mais sa mine est pliée. Sans doute est-il tombé ? Une chute fatale. Combien de lignes a-t-il recopiées ? Combien de fautes d’orthographe l’a-t-on obligé à écrire ? Il est vieux. Fatigué. Il goûte à une retraite bien méritée. C’est une espèce en voie de disparition. Les élèves n’écrivent plus qu’au stylo Bic. En rose, en turquoise, en violet ou en vert pomme. C’est comme les Stabilo : ils ont troqué le fluo pour les tons pastel. Les couleurs se font plus douces, comme pour apaiser les élèves face aux douleurs du monde.

Derrière mes pots à crayon, il a une caisse en carton. C’est la réserve. Dedans, on y trouve pêle-mêle des règles, des équerres, des réquerres, des rapporteurs. Ils sont en plastique jaune ou bleu, incolores, plus rarement en métal. La plupart sont cassés. J’en ai des bouts de cinq à quinze centimètres. C’est à pleine si on peut y lire les graduations. Il y a belle lurette que leurs traits ne sont plus droits. Certaines sont gravées aux ciseaux, d’autres tagguées au Tipp-Ex. En farfouillant dedans, je tombe sur un prénom, un nom qui ravivent ma mémoire. Des souvenirs d’élèves, de classes, d’une autre année scolaire. Un autre temps en somme. Il y a cette règle jaune où est délicatement écrit au blanc correction « Zoé + Arthur ». Est-ce en pleine rupture que l’un d’eux abandonna l’objet ? Était-ce Zoé ou Arthur ? On peut voir que l’inscription a été grattée. J’imagine le dépit de l’être rejeté, cette douleur infinie propre aux adolescents de croire que l’avenir n’a plus rien à leur offrir. J’aurais aimé lui dire qu’un jour, il cesserait de souffrir, mais ce serait mentir. Peut-être s’est-il scarifié de douleur au compas ? C’est toujours mieux qu’aux ciseaux… Les ciseaux, j’en ai plein le placard. Ce n’est pas comme les compas. Ma plus belle pièce est enfermée à double tour dans mon tiroir. Presque neuf. Dans sa boîte en plastique. Une merveille de mécanique parfaitement huilée avec ses pieds en metal, sa tête en plastique noire et ses mines de graphite bien taillées. Je peux en tracer des cercles : des grands, des petits, des rosaces… Ils sont toujours parfaits. Celui-là, je ne risque pas de le prêter ! Car mon musée est vivant. Il reste à disposition. Les élèves s’y servent. Ils y piochent allègrement les tête-en-l’airs qui ont oublié leur matériel. Je les vois choisir, hésitant devant ces stylos d’occasion. Ils ont vécu, ils ne marchent plus très bien, mais c’est déjà mieux que rien. Et en fin d’heure, mi-voleur, mi-distrait, les élèves repartent avec. Mes stylos, mes règles, mes crayons retrouvent une deuxième vie. Ils repartent à la guerre.

Il y a

Lundi dernier a eu lieu ce qui risque d’être le dernier atelier d’écriture avant longtemps, couvre-feu oblige… Le thème était d’utiliser la répétition de débuts de phrases avec « il y a ». C’était donc très contraignant. Je suis parti sur 3 idées, j’ai galéré un peu. Du coup, mon texte est bien plus court que d’habitude.

Il y a le temps.

Il y a un temps pour tout.

Il y a le temps d’une vie et d’une respiration. On laisse le temps au temps, vient le temps des amours, juste le temps d’un soupir, juste le temps de le dire.

Il y a le temps qu’on donne sans attendre en retour, le temps des libertés, le temps de l’insouciance.

Mais en un rien de temps, il y a le temps qui passe, le temps qui court, le temps qui fuit.

Il y a le temps d’avant, ce temps qu’on a perdu. C’est le temps des regrets.

Il y a le temps de voir, mais c’est déjà trop tard. Il faut tuer le temps. Il est temps d’en finir, de se dire « au revoir ». C’est le temps des adieux.

Il fut un temps, il y avait elle.

Il y avait nous.

Il n’y a plus que moi.