Dessiner un homme les fesses à l’air

makingofDésormais, lorsque je vois deux cases qui se suivent avec le même point de vue, mon sang ne fait qu’un tour : il faut sortir les calques et la table lumineuse. Alors quand c’est trois cases qui se profilent à l’horizon… Et pourtant…

Dans la page 25 de Jotunheimen, les trois cases du bas se suivent avec le même décor et le même point de vue. L’occasion de travailler selon les principes de répétition avec des calques pour gagner en temps et en précision. Seulement voilà à quoi ressemblait mon storyboard :

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Si l’attitude est toujours la même, l’évidence du décor reproduit ne saute pas aux yeux. Du coup, comme un imbécile, je me suis lancé dans la première case sans penser à réaliser d’abord mon décor. J’ai donc dessiné le personnage, puis galéré pour faire le décor adapté au personnage (il va sans dire qu’il est souvent plus simple de faire l’inverse). Réalisant mon erreur, j’ai décalqué le décor, puis l’ai reproduit grâce à une table lumineuse.

page25_calque1Alors forcément, une symétrie centrale de masses rectilignes, ce n’est pas très sexy.Tant mieux, puisque le but est de mettre en avant le corps du personnage, qui change d’attitude. Ainsi, le quadrillage des carreaux de la douche permettent de bien l’intégrer. De même, le banc mis au premier plan aide à cette visualisation de l’espace.

J’ai alors dessiné sur calque les deux poses restantes d’Alexis. J’ai un peu galéré, surtout que j’ai commencé à le dessiner trop grand. Il faisait la même taille que dans la première case alors qu’il devait être plus petit vu l’effet de profondeur.

Je vous épargne quand même les photos qui m’ont servi de référence… Difficile de trouver quelque chose de vraiment pertinent, j’ai donc du me débrouiller un peu tout seul sur l’anatomie d’Alexis.

J’ai fini par parvenir à mes fins et j’ai tout reproduit sur table lumineuse.

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On voit bien sur les comparaisons des calques que les premières tentatives (au centre) sont plus grandes que les versions définitives.

Cette technique de calques est vraiment utile dans mon travail, même si cela reste ponctuel. Ce système de répétition de cases est efficace en bande-dessinée et je l’ai déjà utilisé à plusieurs reprises dans les première pages. J’ai même du supprimer du storyboard d’autres séries de ce genre à cause de leur redondance. C’est le cas de la prochaine page dont j’ai du changer le découpage…

Autre chose : Mon tumblr est régulièrement animé avec de nouvelles mises à jour présentant des crayonnés. C’est d’ailleurs le cas aujourd’hui. N’hésitez pas à y faire un tour.

Un test d’encrage

makingofJ’avais expliqué auparavant combien encrer une scène de nuit me stressait. Je ne me suis donc pas lancé dans l’encrage sans bouée de sauvetage. J’ai réalisé d’abord un test sur calque, afin de déterminer si mes idées étaient les bonnes ou pas et quel rendu j’obtenais réellement.

Le risque majeur était de mettre trop de noir, écrasant le trait et les volumes. Cela aurait été dommage, mais comment utiliser au mieux les aplats de noir et les hachures ? Une fois le calque posé sur la feuille, je réalise un encrage des traits au feutre noir. Le but n’est pas d’être précis, mais rapide. Les tests d’encrage ne sont pas nouveau chez moi, je l’avais déjà fait pour la Chasseuse d’Hommes (voir un des numéros de la newsletter) ou même pour Jotunheimen :

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Feutre, plume, pinceau… Tout y passe !

Au niveau des tests, le but n’est donc pas de réaliser la case et de voir si ça fonctionne mais d’essayer plusieurs techniques.

Encrage_02Je me suis d’abord attelé aux rideaux. En effet, la case, avec son point de fuite centrale, est déjà bien aplatie. Seuls la fenêtre et ses rideaux donnent pas mal de volume, aussi bien par la perspective que par le fait qu’ils soient moins “droits”.

J’ai donc rapidement hachuré le tout en essayant de poser les lumières correctement. Aplats de noir pour la barre, hachures pour le rideau, l’équilibre paraît juste.

Reste à savoir comment poser ma lumière intelligemment. Normalement, il n’y a pas de source particulière dans le refuge puisqu’on est la nuit et que les rideaux sont fermés. Si on veut être cohérent, il ne fait pas vraiment noir la nuit en été en Norvège puisqu’on n’est pas très loin du cercle polaire. Mais comme on est ici dans une bande-dessinée, on peut interpréter ! J’ai donc imaginé une source de lumière à droite (c’est-à-dire au niveau de l’entrée), comme les lumières indiquant les issues de secours. Une fois le test terminé, je déciderai de recentrer la lumière, ce qui correspond plus au choix de mise en scène de la planche.

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La lumière vient de la droite. Pas top.

Le plafond reste un souci à gérer. Je le veux noir . Mais comment éviter un gros aplat sans vie ? J’ajoute un arrondi classique pour donner un volume moins marqué est essaye de le mettre en aplat noir (à gauche) et en hachures (à droite). Comme rien ne me va, j’ajoute un liseré blanc (au crayon, non-visible sur le scan). C’est la solution qui sera finalement retenue.

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Test 1 – Test 2 – Version finale

On peut retrouver le même test pour les banquettes du bas, autre souci. Je voulais d’abord tout mettre en noir, mais je perdais toute notion de volume. J’ai donc décidé d’ajouter le même liseré blanc. Celui-ci est donc une interprétation, puisqu’il ne correspond en rien à une notion de lumière.

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Une fois les choix actés, il ne me restait plus qu’à encrer les deux cases correspondantes. Voilà le comparatif entre les deux versions :

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L’encrage final est réalisé à la plume (trois tailles de plume différentes). Les aplats sont réalisés au pinceau (au feutre pinceau pentel pour être précis)

Je termine cet article pour vous rappeler que je serai au We Do BD demain de 15h à 17h au Carreau du Temple à Paris avec le Culture Zine. Venez nombreux nous voir !

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La rentrée, ça décalque

makingofCe qui est bien à la rentrée, c’est que les cours reprennent. Avec grand plaisir, j’ai retrouvé l’atelier BD qui va me permettre de booster ma productivité. Cela faisait une semaine que j’attendais de retrouver une table lumineuse afin de dessiner ma prochaine planche. Cette dernière propose en effet un plan fixe de trois cases. C’est donc exactement le même décor, vu du même point, qu’il faut dessiner trois fois (à quelques nuances près quand même).

Dessin – Calque – Table lumineuse

Réaliser le décor n’était pas trop difficile puisqu’il est construit sur une symétrie centrale. C’était juste laborieux. Une fois que c’était fait, j’ai décalqué l’ensemble. Puis, à la table lumineuse, je l’ai reproduit dans les deux autres cases, apportant les retouches nécessaires. J’ai simplement ajouté les personnages et les textes en toute fin de production.

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Le décor basique sans accessoires ni texture.

Pour la première case, j’ai réalisé le personnage sur le calque, ayant peur d’effacer trop de parties de décors. J’ai déjà parlé de cette technique, adaptée lorsque l’on dessin son décor avant le personnage. Pour les deux cases du bas, les personnages sont vraiment intégrés au décor et ont été faits directement sur la planche.

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Ajouts du personnage en premier plan et affinage de certains détails.

Il ne me reste plus qu’à encrer la page, ce qui est plus facile à dire qu’à faire. En effet, j’aimerais une ambiance de nuit pour les cases 2 et 3 et je suis incapable de faire ça… Voilà le résultat actuel avec un décor densifié et plus fourni en détail.

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