Avec la dernière note, la lumière se rallume. Les spots éclairent le public et ses visages tournés vers nous. Ils sont en robe de soirée et en costume cravate. Curieuse assemblée pour un concert de rock. Nous débranchons les instruments, rangeons les amplis, mettons les guitares dans les étuis. Il est l’heure pour nous aussi de profiter du gala. Je récupère ma robe et tente de travers la salle bondée. Les gens m’accostent, m’arrêtent, commentent et congratulent. Ils veulnet bien faire, mais je veux juste qu’ils me foutent la paix. Je veux me changer. Avec mon baggy et mon t-shirt des Ramones, j’ai l’air d’une clodo à côté d’eux. D’habitude, j’en ai rien à battre, mais là… l’écart est trop grand.
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Bibliothèque
Tu l’appelais ta bibliothèque. Un simple cube blanc, cinq planches de contreplaqué laminé, mais tu tenais à ce mot. Tu avais eu tant de mal à arriver à le prononcer correctement. Bi-bli-o-thè-que. Tu y avais rangé tes livres, tous ceux que nous t’avions lus depuis ta naissance. Les carrés en cartons qu’il fallait toucher. Les plus épais en caoutchouc qui faisaient de la musique et des bruits. Ceux qui ont été mâchouillés et cornés, tes préférés. Avec les années, les livres avaient grandi avec toi. Plus de pages, plus de textes, plus de centimètre carré. Ils troquaient les couleurs vives pour des couleurs pastel. Alors, tu avais tes préférences. Tes obsessions. Nous passions six mois à te répéter la même histoire, soir après soir, mot pour mot. Si nous changions une seule phrase, tu nous faisais les gros yeux et il fallait tout recommencer à zéro. Je voyais tes lèvres remuer pendant les histoires ; tu les connaissais par cœur. Tu aurais pu les réciter, mais il fallait que ce soit nous. C’était le rituel. Au fur et à mesure, nous introduisions des bruitages et autres interventions. En un rien de temps, cela devenait des traditions, immuables. Pour chaque histoire, ton père et moi avions chacun notre façon de la raconter, sans avoir droit à un pas de côté.
D’une main, tu suçais ton pouce. De l’autre, tu tenais Pinpin. Ton doudou allait toujours se cacher quand apparaissait le loup. Plus personne ne lui raconte d’histoire aujourd’hui. Peut-être va-t-il farfouiller dans ta bibliothèque parfois ?
Un jour, nous t’avions emmenée à un salon du livre pour que tu rencontres l’autrice de ton livre préféré. Il y avait trop de monde, trop de bruit. Tout était trop grand. Effrayée, tu t’étais agrippée à ma jambe pendant tout le temps de la file d’attente, ton doudou contre ta poitrine comme ultime protection. Quand enfin nous avions été devant la dessinatrice, j’avais su que tu ne comprenais pas qui elle était. Tu étais trop jeune. La femme t’avait dessiné avec Pinpin, une illustration magnifique à l’aquarelle, si simple, mais si vraie, plus parlante qu’une photographie. Je sais que ce dessin est tapi là, derrière la couverture du livre, dans ta bibliothèque. Je ne pourrais jamais m’en séparer, mais pourrais-je seulement un jour trouver la force de lire sa dédicace sans m’effondrer ?
« Pour Noa et Pinpin. »
Mais de vous deux, seul Pinpin est encore là pour la voir.
Alexis a essayé de me parler de l’avenir de tes livres. Il a proposé de les vendre, de les donner, de les mettre dans la bibliothèque du salon, de les descendre à la cave… Et pourquoi pas les brûler tant qu’on y est ? Ce meuble est une partie de toi, de ta personnalité. Si souvent tu enlevais tous les ouvrages, les étalant partout dans ta chambre pour les classer. Tu tenais cela de ton père. Tu changeais constamment l’ordre : par taille, par couleur, par thématique – d’un côté les humains, de l’autres les animaux. Chaque nouveau classement était un instantané de toi. Comment y toucher désormais ? Ce serait détruire un autre pan de toi. Alexis dit que je bâtis un mausolée. Il ne comprend rien. Tant que ta chambre ne bouge pas, que tout reste à sa place, je peux imaginer que, peut-être, tu n’es pas vraiment partie. Que, peut-être, un jour, tu reviendras dans ma vie.
J’ai repris mon atelier d’écriture. Vous aurez de nouveau droit à mes textes sur le blog. J’ai prévu un article pour expliquer le pourquoi du comment. En attendant, je vous en souhaite bonne lecture !
Pour rappel, les textes d’atelier sont écrits en une durée de 45 à 60 minutes et je ne les modifie pas avant de les publier ici. Ils sont ensuite corrigés et modifiés, voire enrichis lors des publications en livre plus tard.
Chemins détournés
Je vous annonce la publication prochaine de Chemins détournés, un livre de nouvelles et haïkus, écrits ces deux dernières années.
Chemins détournés explore le thème du voyage et de ses aléas. Sur les routes de Norvège aux Highlands écossais, en passant par la baie d’Ha Long, les personnages voient leur routes diverger et prendre un tour inattendu.
Outre l’illustration de couverture ci-dessus, j’ai aussi réalisé une série d’illustration pour les haïkus :
Ces haïkus sont en lien avec les nouvelles du livre et servent de conclusion.
Si certains d’entre vous sont intéressés par le bouquin, n’hésitez pas à m’envoyer un mail ou à mettre un commentaire. Le tout fait 130 pages et sera vendu 5€ en mains propres et un peu plus avec les frais de port.
Au pays des Géants
Avant que la randonnée ne commence, vous pouvez lire en préambule ma nouvelle Au pays des Géants sur les montagnes norvégiennes. Un avant-goût de la suite en quelque sorte !
C’est ici que ça se lit : Au pays des Géants.
Bonne lecture !
J’aurais aimé être quelqu’un d’autre
Qui n’a pas rêvé un jour d’être quelqu’un d’autre ? De vouloir une vie plus palpitante et excitante ? Mais sommes-nous prêts pour autant à en payer le prix ? Éliminer un rival, arrêter la boisson, trouver l’amour par téléphone ou au pied d’une montagne, avoir une révélation divine, devenir homosexuel, tels sont les événements qui vont bouleverser l’existence tranquille de ces hommes ordinaires.
En autant de portraits que de nouvelles, découvrez le quotidien et ses drames banals et sa banalité dramatique.
Ce livre regroupe des nouvelles écrites il y a de nombreuses années, alors que l’idée de faire un jour de la bande-dessinée commençait à peine à m’effleurer. J’ai retouché la plupart d’entre elles et supprimé les moins réussies. Seule la dernière est récente, écrite à l’occasion du concours de Short Edition, La Matinale En Cavale.
Le livre pèse 87 pages pour 7,85 €. L’objet est de belle qualité, comme toujours chez The Book Edition. Vous pouvez l’acheter par-ici : CLIQUE !!!
Pour lire les nouvelles avant d’acheter, les quinze premières pages sont disponibles en extrait sur la page du livre. D’autres sont disponibles chez Short Edition :
Ils se demandent (retenue pour le concours de Short Edition Automne 2014)
Le point du fuite (pour la Matinale en Cavale)
Short Édition
J’ai le plaisir de vous annoncer que je suis en final du concours d’automne de Short Edition, dans la catégorie “très très courts” (c’est-à-dire, une très courte nouvelle). Hélas, me voilà obligé de vous demander d’aller lire cela et de voter pour (mais il faut être inscrit pour pouvoir le faire). En effet, ma nouvelle est la moins lue et se classe actuellement, en termes de votes, en 26ème position (sur 30 !). Pour cela, il suffit de cliquer sur l’image.
Sur Short Edition, vous pouvez aussi retrouver d’autres nouvelles que j’ai publié. Très prochainement, je vous proposerai un recueil de mes nouvelles publié chez The Book Edition. Dans la catégorie BD, vous pouvez aussi retrouver des copains, comme Stoon, Philgreff ou Le Pueblo. J’avais d’ailleurs découvert ce dernier par l’intermédiaire du site !
La matinale en cavale
J’ai participé à la Matinale en cavale du site Short-Edition. Cela consistait à écrire une BD, une poème ou une nouvelle courte (moins de 6000 signes) sur le thème “Road trip à mobylette”. J’ai donc choisi la nouvelle. Vous pouvez lire Le point de fuite ici : http://short-edition.com/oeuvre/tres-tres-court/le-point-de-fuite Continuer la lecture de « La matinale en cavale »