La Prépa – Scénario #1

Écrire un nouveau projet est un moment particulièrement excitant. L’histoire se crée au fur et à mesure, les personnages se construisent… L’idée de départ, souvent ténue, prend corps et se développe. C’est vraiment le moment que je préfère dans la création. Autant prendre le temps d’en parler, non ?

Note : Tous les documents présentés dans l’article ne spoilent rien de l’histoire. Certains éléments du scénario qui sont indiqués ont parfois été modifiés ou supprimés.

La création d’une histoire démarre toujours sur une idée. Ça peut être une univers (“tiens, j’ai envie d’écrire de la SF !”), une inspiration (“Lapinot, c’est trop bien, je veux faire pareil !”), une anecdote glanée… Ou sa vie personnelle. Comme pour beaucoup de mes projets, La Prépa a une histoire tumultueuse. Continuer la lecture de « La Prépa – Scénario #1 »

Refaire et encore refaire

J’ai passé un cap le jour où j’ai accepté l’idée de refaire des cases ratées (aussi et ). Mais il arrive parfois que sur une planche, les difficultés s’accumulent… Et lorsque ces difficultés sont de natures différentes, il y a de quoi devenir fou et refaire… 4 cases !

Je l’avais déjà évoqué, mais j’ai réalisé la majorité de mes storyboards avant de m’améliorer en perspective. Depuis, j’ai supprimé beaucoup de plans vus de profil ou de face que je trouve trop statiques. Ainsi, quand je dessine ma planche, je dois souvent changer les cadrages. Parfois, je ne le fais pas et je le regrette.

Note : Cet article est aussi l’occasion de montrer beaucoup de crayonnés et de work in progress.

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Un jardin divin – Présentation

makingofEn 2012, le festival Quai des Bulles propose pour son concours Jeunes Talents le thème suivant : « Un jardin un peu spécial. » À l’époque, j’ai alors une idée d’une histoire en deux pages que je commence à réaliser. Je n’aurais hélas pas le temps d’aller au bout et ne participerais pas au concours. Aujourd’hui, j’ai envie de réaliser ces deux planches. Mais pourquoi ? Continuer la lecture de « Un jardin divin – Présentation »

Sea, Sex & Sun

Laura_26_SD

Il faisait très chaud aujourd’hui. Allez savoir pourquoi, j’ai eu envie de dessiner Laura à la plage…

J’ai eu cependant un gros souci : bien que j’ai attendu longtemps, l’encre a bavé lorsque j’ai passé la gomme. Vu la chaleur, ce n’était pas encore sec ?! Cela peut venir peut-être de l’encre, très fluide aujourd’hui sur le papier.

Désespéré, j’ai retouché la version en noir et blanc, puis me suis lancé quand même dans la colorisation à l’aquarelle. Et avec Photoshop, je suis parvenu à enlever les tâches disgracieuses… Ouf !

Laura_26_crayon_SD

Le crayonné presque définitif. J’ai retouché entre autres le transat.

Laura_26_encrage_SD

L’encrage au pinceau avec les tâches enlevées. J’étais rassuré de savoir que je pouvais au moins présenter celui-là J’ai même hésité à la coloriser en numérique…

Laura_26_correction_SD

Le dessin scanné en brut. On remarque les noirs pas vraiment noirs (la faute au feutre pinceau Pentel et son encre de chine diluée) et la coulure sur l’œil. Les retouches ont donc aussi consisté à raviver les couleurs et (surtout) les noirs.

Ma vie en une case

Parfois, au détour d’une case, on s’arrête. On regarde le dessin et, surtout, le dialogue, et ça nous touche. Étrange émotion lorsqu’on a écrit soi-même cette case…

Pour vous faire patienter (je vous jure que je dessine des planches), voilà une case qui résume un peu ma vie :

page36_case5 Continuer la lecture de « Ma vie en une case »

Le storyboard

makingofCette année, j’ai participé à un atelier de bande-dessinée. Cela m’a forcé à adopter plus de rigueur dans la construction de mes pages. Après des mois de labeur, j’ai pu terminer cinq pages en noir et blanc (format A3) de La Chasseuse d’Hommes. Contrairement à la plupart de mes projets, j’ai ici travaillé avec beaucoup de dessins de recherche et des storyboards remaniés. Et j’ai saisi tout le bienfait que cela apportait. Retour sur la page 4, qui a été pas mal remaniée entre sa première et sa dernière version.

Dans le scénario originel, la page 4 était particulièrement fourni. Après des tentatives infructueuses au niveau du storyboard, j’ai décidé de scinder le tout en deux pages. Cela me permettait de dessiner des cases plus grandes (et donc graphiquement plus abouties) et d’ajouter un peu de narration pour lier le tout. En bref, on y gagnait de la fluidité. Après remaniement, j’obtenais le storyboard suivant :

La dernière case (effacée) représente la chasseuse dans son bain, vu de haut.
La dernière case (effacée) représente la chasseuse dans son bain, vu de haut.

Cette version n’était pas mauvaise en soi. J’aimais bien l’idée de cases verticales, mais les deux petites cases carrées (4 et 5) manquaient vraiment d’intérêt. Le dialogue paraissait limité et on ne voyait pas la fille repartir. Bref, quelque chose n’allait pas. Afin de réfléchir aux améliorations, je me lançais dans des recherches. Ici, les idées sont esquissées uniquement (cela se voit au niveau du dessin, franchement mauvais). Cela me permet de placer les personnages, les dialogues, les masses de noir, etc. Ainsi, on peut mieux visualiser les erreurs.

Comment adapter un storyboard à une image que l'on trouve percutante ?
Comment adapter un storyboard à une image que l’on trouve percutante ?

Je me lançais sur la première case. C’est une case de transition qui fait suite à une ellipse (changement de temps et de lieu) et elle doit marquer le lecteur immédiatement. Pour cela, je m’inspire d’une première recherche faite des mois auparavant lors de mes recherches de personnages où l’on voyait Diane dans son bain, dans une bassine, avec les pieds qui sortent. Rapidement j’obtenais une idée qui me paraissait parfaitement rendre ce que je souhaitais. On y voit Diane dans son bain, complètement détendue.  Cette fois, elle croise ses jambes, ce qui donne plus de volume et de perspective. Et contrairement à ce qui est prévu dans le storyboard (case 1), la vue est en plongée. On aperçoit donc le corps de la femme. Le bras qui sort, les jambes croisées, tout laisse penser à la détente. Je valide rapidement cette idée, mais je dois alors changer le storyboard. Cette case n’est pas horizontale, mais carrée. Je dois donc tout revoir dans la construction de la page.

Savoir s’adapter : modifier, ajouter, supprimer.

Je précise qu’à ce moment-là, je fais corriger mon étude par mon prof afin d’éviter les problèmes d’anatomie. Car si l’idée de la détente dans le bain est plutôt bien rendue, il y a de vrais soucis, notamment sur l’épaule, les jambes et, bien sûr, le pied. C’est là que l’atelier possède un véritable intérêt. Cela permet de corriger les détails et, surtout, de voir comment ils sont corrigés par le prof !

Dans le même esprit, je n’aime pas trop mon idée de dernière case. Un peu trop voyeuse dans l’esprit. Et j’ai peur que le dessin ne soit pas particulièrement beau. Ainsi, pour fluidifier le dialogue, je décide d’utiliser cette case comme une continuité. Le dialogue s’arrêtera d’ailleurs au début de la page suivante. Clairement, le storyboard permet d’améliorer grandement la narration, car on améliore par multiples retouches la construction de base.

Dans un projet différent, L’éveil des sens, je profite également de la première version pour à la fois m’inspirer de ce que j’avais fait et pour voir les lacunes de cette même version. Les pages datant de plusieurs années en arrière me servent de storyboard ! Ainsi, dans une page (non-publiée encore), j’ai changé le sens de la case afin que la camion et le regard de l’enfant soient tournés vers la droite, ce qui facilite la lecture (un grand classique de la bande-dessinée !).

Voilà donc la nouvelle version du storyboard, une fois remanié. Ce changement implique du coup un changement également pour la page suivante.

Nouvelle version plus fluide
Nouvelle version plus fluide

Ici, je garde quand même certaines composantes, comme la case verticale du fusil ou la case 2. Cette dernière n’est pas si réussie et marquera le plus gros souci de la planche. En effet, devenue verticale, elle est désormais trop grande. Il y a donc un grand vide dans la version finale. Malgré tout, la narration y gagne beaucoup avec les cases centrales. La case horizontale où la chasseuse tient en joue la fille est plus percutante ainsi, le fusil étant visible et central désormais. Quant aux deux cases dialoguées, mises côte-à-côte, elles fonctionnent bien mieux et semblent se répondre. Enfin, la dernière case, avec le regard dure de la chasseuse et la voix de la fille hors champ, elle accentue le caractère fort de l’héroïne. L’ancienne version, où l’on voyait la fille dépité, mettait plutôt l’accent sur une forme de timidité du personnage secondaire, ce qui n’était pas forcément le but recherché. Je vous laisse avec les photos des crayonnés et de la planche.

La publication de ces 5 pages est prévue à la fin du mois (lorsque mon atelier sera terminé). Avec un peu de chance, vous en aurez même 6 ! Et avec ma nouvelle façon de publier, tout sera publié d’un coup. Afin de profiter à plein de cet atelier, je le continue l’année prochaine. L’idée est de travailler cette fois-ci sur Le huitième péché capital. A confirmer d’ici-là !

La case a été entièrement redessiné. On remarquera les traits de perspectives et les marques pour le texte, signe d'un plus grand soin général dans la construction de la planche.
La case a été entièrement redessiné. On remarquera les traits de perspectives et les marques pour le texte, signe d’un plus grand soin général dans la construction de la planche.
Outre la main à dessiner, le plus dur ici était de savoir où mettre la bulle !
Outre la main à dessiner, le plus dur ici était de savoir où mettre la bulle !

 

Le crayonné. La dernière case a été faite à la table lumineuse car la version du storyboard était d'un niveau suffisant.
Le crayonné. La dernière case a été faite à la table lumineuse car la version du storyboard était d’un niveau suffisant.
La planche finale, enfin !
La planche finale, enfin !