L’heure des bilans

L’année 2022-2023 est une année particulière pour moi (oui, je suis prof, je pense en années scolaires). Il a vu la publication :

  • d’une bande dessinée, La Prépa
  • d’un roman, Le Cimetière des éléphants
  • d’un recueil de textes, Les Territoires interdits

Le tout en autoédition. C’est également une année où je me suis relancé fortement dans la composition musicale et où j’ai continué la peinture. J’ai accepté depuis longtemps d’être un artiste protéiforme, mais il m’a semblé important de réfléchir à ma communication sur internet. Actuellement, j’ai trois domaines distincts :

J’ai fait le choix de réunir la communication en un point unique qui sera, sans surprise, le blog Belzaran.fr.

La fin de la bande-dessinée

Depuis des mois, l’envie de faire de la bande-dessinée m’a quitté. Les contraintes du genre ne me correspondent plus. Ainsi, je ne peux pas finaliser aussi bien les cases d’une BD comme je le fais pour mes aquarelles au risque d’y passer 20 ans. Pour ceux qui en douteraient, j’ai tenté de me remettre à de nouveaux projets, j’ai commencé la réalisation de planches, j’ai même dessiné des pages d’essai… Je ne suis pas arrivé au bout.

C’est à regret que j’arrête la bande-dessinée après tant d’année à chercher à m’améliorer. Mais sans flamme, sans envie, il m’est impossible de me forcer.

Cette décision (cet état de fait ?) m’oblige à repenser ce blog. D’abord blog d’illustration, il était vite devenu blog BD, puis un support pour webcomics. En cela, il a déjà pas mal évolué. Sans bande-dessinée, qu’y publier ? La logique est de continuer à y montrer mes productions graphiques, mais je pense que vous êtes plusieurs à suivre le blog aussi pour mes histoires.

Ma première planche publiée sur internet

Relier les projets

Ce risque de dispersion (où tout le monde ne serait pas intéressé par ce que j’y publie et déserterait), est en fait déjà en action. La fréquentation du blog est famélique depuis des années et une partie de mon audience me suit différemment, par les réseaux sociaux notamment.

Pour moi, tous mes projets sont en lien, de façon plus ou moins directe. Par exemple, je vais peindre la couverture d’un livre que j’ai écrit ou celle d’un album que j’ai composé. Dans plusieurs de mes textes déjà publiés, il y avait aussi des parties graphiques (des haïkus dans Chemins détournés, des reproductions de tableau dans Le Sauna).

Haïkus illustrés pour Chemins détournés

Ce lien entre différents arts a été particulièrement évident sur mon évolution graphique. J’ai produit de nombreuses illustrations en lien avec mes bande-dessinées (notamment les personnages féminins). Mes progrès au pinceau, à l’aquarelle, puis dans le portrait sont venus d’abord de dessins de personnages de bande-dessinée. Un exemple intéressant est cette illustration que j’avais réalisée avec l’idée de faire une Chloé « humaine ».

Une illustration charnièrequi me mènera à faire du portrait déconnecté de mes projets de BD.

Quand j’ai créé un nouvel avatar pour la littérature, Alexis Garehn, je voulais éviter de mélanger les genres, mais surtout me trouver un nouveau public. Cela a été un échec. Les personnes qui suivent mes textes suivaient aussi mes autres projets. J’ai finalement privé certains lecteurs intéressés par mes textes de ces derniers. En effet, certains ne m’ont pas suivi sur Facebook, ce que je peux comprendre. Désormais, je peux voir que c’était une erreur. Cela explique le retour de mes textes d’atelier sur ce blog depuis quelques semaines.

J’ai décidé de m’accepter comme artiste complet, dans le sens où tous mes projets, aussi divers soient-ils, portent ma marque. Certains préfèreront certaines domaines plus que d’autres, mais pour moi, tout est lié. Il n’est pas rare que j’ai eu une idée et que j’hésite sur comment la traiter : une chanson ? Un texte ? Une BD ? Une peinture ? Un bon exemple est mon projet La Chasseuse d’hommes dont j’ai travaillé la version longue à la fois comme roman et comme bande-dessinée.

Musique

J’ai pleinement conscience que la musique est le domaine qui vous intéressera le moins tant il est éloigné de la bande-dessinée. Cependant, j’y traite des mêmes thèmes dans mes paroles (mais qui écoute vraiment les paroles des chansons ?). Bref, vous aurez droit à quelques mises à jour du blog au niveau musical, mais elles seront rares : le temps de composition et d’enregistrement d’un morceau reste long.

La pochette est évidemment réalisée par mes soins

Là aussi, il m’est impossible de me créer une nouvelle communauté qui pourrait s’intéresser à ma musique d’amateur, noyée dans une masse immense. Cela fait vingt ans que j’en compose et les publications sur les différentes plateformes ont toujours été un fiasco complet. La qualité de mon chant a certainement un part non-négligeable dans cet échec…

Comme un symbole, les statistiques de mon blog ne fonctionnent plus depuis quelques mois. J’ai tenté de les réactiver sans succès. Un mal pour un bien, je n’ai plus envie de les voir, de sentir dépérir mon audience. Au bout de quinze ans de blogging, me voilà débarrassé de ces données.

Bilan 2022 – BD & illustration

Si les statistiques ont leur intérêt, rien ne vaut de se focaliser sur la création. Bande-dessinée, illustration, peinture, écriture… Les domaines auxquels je touche sont nombreux et chacun avance à sa vitesse.

Continuer la lecture de « Bilan 2022 – BD & illustration »

Bilan 2019 – Bande dessinée

On continue avec la deuxième phase du bilan : la bande dessinée, le cœur de ce blog. Un topo sur la Prépa bien sûr, mais également sur les projets à venir qui mûrissent lentement. 2019 restera une année sans publication. C’est toujours difficile, mais je n’ai au moins pas perdu de temps à réaliser la mise en page et le nettoyage en profondeur de planches…

Continuer la lecture de « Bilan 2019 – Bande dessinée »

Travailler en parallèle

Depuis la fin de Jotunheimen, je m’efforce d’améliorer mon efficacité au dessin. La bande-dessinée est un art long et exigeant et il faut savoir mener son projet sur de longs mois (ou années). Ainsi, je travaille en parallèle pour avancer plus vite.

La réalisation d’une bande-dessinée comporte les étapes suivantes :

  • Écrire le scénario
  • Faire les études de personnages
  • Réaliser le storyboard
  • Réaliser le crayonné des pages
  • Encrer les pages
  • Coloriser les pages

Continuer la lecture de « Travailler en parallèle »

La Prépa #03

Voilà la nouvelle planche ! J’ai effectué un gros boulot sur les gabarits pour pouvoir proposer des cases bien alignées. Comme la planche est scannées en 4 fois (bas, haut, gauche, droite), il faut tout recomposer… J’ai donc commencé à travailler sur des outils simples qui vont me permettre de mieux calibrer mes planches. Par exemples, les gouttières sont ici d’une taille précise qui ne changera plus jusqu’à la fin de la BD.

Retour au bercail

Fait intéressant sur cette planche : la dernière case devait, à l’origine, être une vue de la voiture filant sur l’autoroute. Or, j’avais déjà fait une case similaire pour l’arrivée à l’aéroport. J’ai un peu galéré, puis j’ai opté sur cette idée du retour à l’appartement. J’en ai profité pour faire quelques allusions discrètes à d’anciens projets.

Refaire et encore refaire

J’ai passé un cap le jour où j’ai accepté l’idée de refaire des cases ratées (aussi et ). Mais il arrive parfois que sur une planche, les difficultés s’accumulent… Et lorsque ces difficultés sont de natures différentes, il y a de quoi devenir fou et refaire… 4 cases !

Je l’avais déjà évoqué, mais j’ai réalisé la majorité de mes storyboards avant de m’améliorer en perspective. Depuis, j’ai supprimé beaucoup de plans vus de profil ou de face que je trouve trop statiques. Ainsi, quand je dessine ma planche, je dois souvent changer les cadrages. Parfois, je ne le fais pas et je le regrette.

Note : Cet article est aussi l’occasion de montrer beaucoup de crayonnés et de work in progress.

Continuer la lecture de « Refaire et encore refaire »

Projets 2016

Jotunheimen

L’année 2016 sera l’année de la continuité. Après avoir réalisé 28 pages en 2015, je compte en faire à peu près le même nombre cette année. Cela ferait 56 pages, donc pas de quoi terminer l’histoire qui en comptera 80…

En parallèle des planches, je continue à travailler le storyboard. Quant à la toute fin de la bande-dessinée, j’ai du mal à me faire une idée sur mon choix initial. En même temps, j’espère pouvoir continuer à coacher Nicolas Archimède pour proposer à terme une version en couleur.

Vous l’aurez compris, pas de projet auto-édité cette année a priori… À moins que…

Dans un storyboard, il faut faire preuve d'imagination !
Dans un storyboard, il faut faire preuve d’imagination !

Les 23 heures de la BD

Je devrais participer cette année encore aux 23 heures de la BD. J’ai déjà auto-édité certaines histoires, à titre personnel (des tirages à 10 exemplaires pour la famille et les copains). Je me pose de plus en plus la question de faire une intégrale en reconstituant les planches (pour rappel, les 23 heures de la BD exigent un format paysage). Cela ferait 12 pages par année. Honnêtement, ça vous intéresserait ?

5 participations déjà !
5 participations déjà !

Autres bande-dessinées

Au-delà de « Jotunheimen », il va me falloir commencer (doucement) à travailler l’après. Techniquement, je retouche de temps en temps l’univers de « La chasseuse d’hommes ». C’est léger, mais l’histoire gagne en cohérence, en intérêt et en profondeur. Je laisse mûrir le tout, sans savoir pour autant si ce sera mon projet suivant.

Dans la même veine, « Le huitième péché capital » reste un projet auquel je tiens. Avec mes projets architecturaux réalisés en 2015, je commence à espérer un retour en grâce de ce projet. Pour 2017 ou 2018 peut-être… Mais le scénario demande à être plus abouti, car il ressemble plus à une pièce de théâtre qu’à une bande-dessinée à ce jour. Il faut plus d’actions et plus de lieux à visiter.

Bientôt une quatrième version pour La chasseuse d'hommes ? Ou une troisième version du huitième péché capital ?
Bientôt une quatrième version pour La chasseuse d’hommes ? Ou une troisième version du huitième péché capital ?

Littérature

J’en parle parfois sur ce blog, mais je mène en parallèle quelques travaux d’écriture. En ce moment, je travaille sur des nouvelles afin d’améliorer mon style et de tester des effets, des ambiances… J’espère écrire suffisamment pour publier un recueil de nouvelles auto-édités un de ces jours. 2016 semble un délai un peu court pour le coup…

En parallèle, je travaille à un projet de roman. Après avoir écrit une centaine de pages, j’ai fait table rase et suit reparti sur autre chose, tout en traitant globalement le même thème. J’espère un jour pouvoir voir ce projet aboutir également.

Bien sûr, d’autres projets viendront certainement se greffer autour de l’ensemble : Quai des bulles, Culture Zine, We Do BD ? Qui peut le dire aujourd’hui ? J’espère également que, comme depuis des années, je continuerai à trouver de l’inspiration pour mener des projets et ne jamais me retrouver face à une page blanche, ne sachant pas qu’y dessiner…

Bilan 2015

J’ai réalisé peu de choses en 2015, contrairement aux années précédentes. Le bilan général est le suivant :

  • Aucun livre nouveau publié
  • Participation à un fanzine, le CultureZine
  • Participation à deux festivals (Gretz-Armainvilliers et We Do BD)
  • Participation aux 23 heures de la BD

On est loin des trois livres publiés en 2014 (dont un de nouvelles), mais dont les créations originelles étaient plus anciennes (pour « Salle des Prof » et « J’aurais voulu être quelqu’un d’autre »). Pour le reste, c’est équivalent. Le gros changement pour moi cette année est donc l’absence de publication d’un livre (on parle d’auto-édition bien évidemment). « Jotunheimen » est un projet tellement long, qu’il ne devrait même pas être terminé en 2016…

Les statistiques

Mon côté scientifique ne peut s’empêcher de vous transmettre quelques statistiques sur le blog (au jour du 29 décembre bien entendu) :

  • 50 visiteurs uniques par jour de moyenne pour Belzaran.fr (une centaine de visiteurs les jours de publications)
  • 11 visiteurs uniques par jour de moyenne pour Blogbrother.fr

Les évolutions depuis 2010 suivent visiblement l’évolution des fréquentations des blogs BD en général. Comme je l’avais déjà indiqué, le nombre de visiteurs sur le blog n’est qu’une partie des lecteurs, étant donné que je publie mes planches sur d’autres plateformes. Globalement, cela baisse mais on est plus proche du tassement.

Stats 2015
Nombre de visiteurs uniques moyens par jour

 

Les projets

J’ai relu récemment mes anciens ouvrages. Avec l’arrivée de « Jotuheimen », j’aborde un virage plus proche du franco-belge classique et de plus en plus éloigné du blog BD. J’ai ressenti l’envie (et le besoin peut-être) d’exploiter la diversité de mise en page que permettait une publication classique. Encore une fois, je me cherche un style. Chaque projet, les uns après les autres, m’a fait tenter quelque chose. Même si tout reste dans le domaine de l’autobiographie et de l’auto-fiction, les choix de colorisation, d’encrage, de format changent au grès des projets. Cela vient d’une envie de progresser et d’apprendre. En tant qu’amateur, j’ai tout mon temps pour faire des projets.

adapter le dessin à l'histoire
Adapter le dessin à l’histoire et non l’inverse !

De même, l’humour potache et trash des débuts semblent bien loin ! Le récit introspectif et contemplatif de « Jotunheimen » n’a plus rien à voir avec les BDs toutes en dialogue de mes premiers pas de blogueur…

« Jotunheimen » est un projet au long cours qui me permet de dessiner de façon plus réaliste. C’est très difficile et j’apprends de nouvelles choses. Et déjà, je commence à trouver le tout rigide et voudrait trouver, pour mon prochain projet, un style de dessin plus relâché… Mais tout dépendra du projet !

Malgré tout, au niveau du dessin pur, je continue à progresser, ayant ajouté de nouvelles cordes à mon arc :

  • une meilleure compréhension de la perspective
  • un encrage plus dense par l’utilisation de différentes tailles de plumes
  • la capacité de dessiner des décors naturels

Tracer une perspective, aujourd'hui, ça me détend.
Tracer une perspective, aujourd’hui, ça me détend.

Quelques nouveautés seront encore à apprendre hélas… En premier lieu : dessiner une scène de pluie… J’ai écrit le scénario de « Jotunheimen » sans prendre en compte les contraintes liées au dessin. De même, j’essaie de faire des storyboards qui se moquent des problèmes techniques engendrés. Mais après, il faut essayer de suivre au mieux !

La nouveauté

Cette année aura été surtout l’année où j’aurais engagé une collaboration avec un coloriste ! Après avoir râlé pendant des mois sur mon incapacité à réaliser les couleurs de ma BD, Nicolas Archimède s’est proposé et les essais ont été concluants. Ayant l’habitude de travailler seul, j’apprends à collaborer (à distance qui plus est !) sur un projet personnel. C’est très enrichissant et la BD n’en sera que meilleure !

Malgré certaines apparences, 2015 a été une année riche d’apprentissage et d’étapes franchies. Me dispersant peu, j’essaie au mieux de me concentrer sur un projet unique et d’atteindre mon but. Ce sera certainement la même chose en 2016 !

We do BD 2015, le compte-rendu

Le We Do BD a eu lieu les 10 et 11 octobre. Successeur du Festiblog (créé il y a 10 ans), il était destiné à professionnaliser l’événement. Pour le coup, c’est réussi puisqu’au lieu d’être sous des tentes dans une rue, le festival avait lieu au Carreau du Temple, une grande halle plus adapté à l’accueil d’un événement tel que celui-là.

wedobd

Pour la troisième année, je suis donc parvenu à être invité au Festiblog grâce à une communauté. Après avoir squatté chez 30 jours de BD (RIP) et Webcomics, c’est donc le Culture Zine qui m’a accueilli en son sein. J’y officie avant tout comme maquettiste et chroniqueur BD (même si j’ai un peu dessiné dans les trois premiers numéros). J’étais ainsi bien entouré de Dubatov, Morgan The Slug (avec un tout nouveau blog) et Le Pueblo.

Le We Do BD, bien que changeant de nom, proposait avant tout les mêmes têtes. Ainsi, de nombreux blogueurs étaient invités, même s’ils n’avaient rien fait depuis 2 ans. Une attitude payante dans le sens où du monde s’était déplacé pour les voir. Cependant, le manque de renouvellement du panel d’invités est inquiétant pour la suite. Car le public était globalement le même que lors des précédentes éditions. Ainsi, en dédicace, j’ai retrouvé les mêmes personnes qui venaient me demander un dessin, deux ans après ! Des habitués qui regrettaient la pause de 2014 sans Festiblog.

On remarquera que le We Do BD revendique 8500 visiteurs ce qui est un peu étrange puisqu’ils comptent 5000 entrées le samedi et 3500 le dimanche. Or, l’entrée étant libre, les gens entrent et sortent. De plus, beaucoup viennent samedi ET dimanche. Bref, les chiffres sont à relativiser. En habitué des Festiblogs, j’ai eu l’impression qu’il y avait autant de monde que d’habitude et mes compères avaient le même sentiment. Ça reste beaucoup et le Festiblog n’a pas périclité suite à sa pause en 2014, c’est ça la bonne nouvelle.

Un dessin réalisé pour Akths
Un dessin réalisé pour Akhts

Le changement de nom de la marque, pourtant porteuse, « Festiblog », vient de l’idée que le blog BD est mort. Dans les faits, je suis assez d’accord et je l’ai dit suffisamment ici. La dilution des publications dans divers sites et réseaux sociaux (tumblr, instagram, facebook, twitter, etc.) fait que l’intérêt d’un blog est plus limité. En tant que dessinateur amateur, je trouve cela épuisant de devoir faire sa promotion un peu partout pour exister et j’ai bien du mal à être efficace dans cette quête éperdue de visiteurs.

Ainsi, le We Do BD encourage et promeut le numérique : tablette graphique, jeux vidéo et animation sont à l’honneur. Pour ma part, je revendique un dessin à l’ancienne et me sens en total décalage avec cette orientation. Mais beaucoup de blogueurs aiment faire des gifs animés, des petites animations, du pixel art ou des mini jeux vidéo. Cette orientation du festival est cohérente, mais risque à terme de fragiliser une communauté pas si énorme que ça. Car les gens que j’ai pu voir en dédicace étaient avant tout attirés par la gratuité : entrée libre et dessin sur feuille volante (ou carnet personnel).

Le festival s’est aussi échiné à animer la scène. Pour cela, c’était assez impressionnant de voir une scène en permanence occupée par des jeux (plus ou moins pertinents), des présentations ou des débats. Mais au bout de deux heures, j’avais la tête en vrac à force d’entendre le micro en permanence. Quelques pauses auraient été salutaires. Mais vu le monde qui se pressait devant l’estrade, c’est aussi un pari payant.

Le festiblog a donc évolué sans réellement changer dans son fonctionnement de base (même auteurs, mêmes dédicaces libres avec sujets débiles). Mon seul regret est que leur annonce d’inscription possible comme « blogueur inconnu » sur leur site a été une vraie poudre aux yeux. Le festival s’est professionnalisé et investit donc sur des valeurs sûres. On peut le regretter, mais c’est tout à fait logique, le but étant d’attirer le plus de monde possible.

Tout cela m’a amené à des questionnements sur ma façon de gérer le numérique. À suivre cette semaine : Les réseaux sociaux et moi.

Un peu de symétrie

Larticle_analyse‘intérêt de travailler sur une bande-dessinée à la mise en page « classique » est de pouvoir la modeler. La mise en scène se révèle alors plus ambitieuse et permet des expérimentations plus intéressantes que le simple alignement de cases ou le gaufrier.

Retour sur la dernière planche publiée de Jotunheimen (la seizième donc). Cette page est destinée à montrer le personnage effectuer une correspondance en car au milieu de nulle part. Voilà le magnifique scénario correspondant tel qu’il est griffonné dans mon classeur. Si vous voulez éviter les spoils, ne lisez pas tout en bas (même si ça ne raconte pas grand chose).

Symetrie_07

Le cheminement est donc le suivant :

  1. Alexis est dans le car n°1
  2. Alexis descend du car n°1
  3. Alexis attend le car n°2
  4. Alexis monte dans le car n°2
  5. Alexis est dans le car n°2

On remarque à la simple lecture du cheminement qu’il y a une symétrie centrale dans cette page. Le point 3 est le point de symétrie de la scène. J’ai ainsi eu l’idée de créer un point de symétrie également dans la planche. Et cela, dès le début. Car votre esprit aiguisé a tout de suite remarqué, dans le scénario, le détail suivant :

Symetrie_06

Même si cela ne change pas grand chose dans la lecture, il me semble que ce genre d’effet crée, inconsciemment, un renforcement de la narration.

De la bande-dessinée en palindrome.

C’est en lisant l’ouvrage « Lire la bande dessinée » de Benoît Peeters que je découvre cette construction, dite en palindrome, des planches ou des albums. Pour rappel :

Palindrome : figure de style désignant un texte ou un mot dont l’ordre des lettres reste le même qu’on le lise de gauche à droite ou de droite à gauche.

Deux récits sont alors cités, qui vont me marquer. Le premier, assez incroyable, est « The Upside-Downs of Little Lady Lovekins and Old Man Muffaro » de Gustave Verbeek (même le titre de l’oeuvre semble être à double-sens…). L’auteur propose 64 planches de 6 cases qui peuvent être lues à l’endroit ou… à l’envers ! La prouesse de narration et graphique est incroyable !

Verbeek

Dans la même lignée, les frères Luc et François Schuiten proposent, pour le troisième tome de leur série « Terres creuses » un ouvrage ou il existe un basculement en milieu d’album. Les planches deviennent alors symétriques aux précédentes. Après 36 planches, on passe à la planche 36′, puis 35′, etc. Le titre, « Nogegon » est d’ailleurs un palindrome.

nogegon

Plus modestement, je me suis appliqué à l’appliquer sur une planche où cela me paraissait pertinent. Alexis devient donc le point central et de symétrie de la planche. C’est ainsi que j’aboutis à un storyboard qui reprend cette idée.

Symetrie_08

Je vous laisse apprécier les différences avec la planche finale, souvent mineures mais essentielles :

  • Case 2 : la vue de loin permet de montrer qu’on est dans un coin perdu
  • Case 3 : la vue de face crée un face-à-face entre Alexis et les autres passages. Cela renforcement son isolement, mais aussi sa différente façon de voyager.
  • Case 5 :  simple changement de côté pour éviter la redondance avec la case 6 (particulièrement visible sur le storyboard !).

Le résultat est le suivant, avec le point de symétrie central :

Symetrie_01

Le comparatif case à case rend la symétrie encore plus évidente. Le premier parallèle montre Alexis assis dans le car. Ce sont les « avant » et « après ».

Symetrie_02

Le deuxième parallèle montre le dialogue Alexis-chauffeur. Alexis est dans le questionnement, une pointe de stress. Le chauffeur est, lui, évidemment, dans la décontraction, créant un décalage et renforçant l’image d’un personnage un peu angoissé sur les bords.

Symetrie_03

Le troisième parallèle montre des cases sans dialogues, où le contraste entre le car et Alexis est mis en avant. Le héros apparaît en grisé, se situant dans un plan clairement différent que le car. Cela renforce l’isolement, Alexis ne se sentant plus en sécurité une fois hors du car, le véhicule étant vu comme un forme de cocon protecteur.

Symetrie_04

La case centrale, qui sert de point de symétrie, sort du cadre pour imposer sa présence. Elle sert également d’axe de symétrie : la partie haute et basse se répondent de façon évidente (le haut pour le premier car, le bas pour le deuxième).Symetrie_05

L’usage d’une case longue et peu haute permet d’intensifier l’impression d’isolement du personnage.

Cette planche a été conçue d’une manière particulière. Plus originale que la plupart des planches, il est bon d’intégrer ce genre de réflexion à la création, afin de pousser un peu plus loin son projet. Pour cela, rien de mieux que de lire et relire de grandes bande-dessinées et des ouvrages d’analyse de ces mêmes ouvrages. Ça stimule l’imagination et pousse à être plus ambitieux pour ses projets, fussent-ils confidentiels.

 

Quelques sources sur les projets cités :

Lire la bande-dessinée de Benoît Peeters
Un livre passionnant à lire absolument ! Cela regroupe les analyses des planches et ouvrages les plus novateurs de la bande-dessinée. Très stimulant pour les auteurs.

Critique de Nogegon de Luc et François Schuiten chez kUlturOpat.